Étiquette : films

Synchronic de Aaron Moorhead et Justin Benson

Synchronic de Aaron Moorhead et Justin Benson

Œuvrant depuis quelques années dans un univers alliant thriller et science-fiction, Aaron Moorhead et Justin Benson ont montré leur appétence pour la relation entre l’Homme et le Temps.  Synchronic est l’occasion de prolonger cette thématique à travers les pérégrinations d’un duo d’ambulanciers.  Nous suivons autant 

La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher

La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher

Après quelques court-métrages réalisés durant les années 2010, Dominique Rocher passe au format long avec l’adaptation du roman éponyme de Martin Page. Passée une introduction festive dans un appartement bondé, nous nous réveillons aux côtés de Sam dans un silence de morts. Prenant à contre-pied 

Hellraiser de David Bruckner

Hellraiser de David Bruckner

Parmi les sagas horrifiques, les accidents de parcours sont nombreux. La trajectoire d’Hellraiser en est l’exemple flagrant. Après deux premiers opus captivants, les suivants nivelaient par le bas la qualité des propositions.
Bien que prometteur dans ses intentions, Hellraiser : judgment est bien loin des espoirs que nous pouvions avoir sur l’œuvre de Gary J. Tunnicliffe.
La perte de la licence par Dimensions Films annonçait un possible renouveau de la licence. D’un côté, HBO désirait produire une série. Les dernières nouvelles à ce sujet datent de 2021. De l’autre, David S. Goyer souhaitait développer une nouvelle itération cinématographique.
Cette dernière sera concluante et se prénomme sobrement : Hellraiser. Souhait de reboot de la franchise ou refus de s’ancrer dans la continuité de tentatives filmiques désastreuses ? L’œuvre de David Bruckner s’inscrit en rupture avec ses prédécesseurs.

Amorçant de façon conventionnelle avec une scène d’introduction dévoilant l’univers à venir, nous suivons ensuite Riley dans son quotidien. Entre sa collocation avec son frère et son combat pour rester sobre, la jeune femme va voir son quotidien chamboulé par l’arrivée du fameux Rubik’s cube créé par Clive Barker.
Le récit déroule ensuite une intrigue relativement commune. Des êtres humains découvrent l’artefact maudit et se retrouvent confrontés à des êtres supposément maléfiques. La trajectoire n’est guère surprenante. La dynamique de groupe permet de s’intéresser aux personnages bien que chacun d’eux incarne une fonction au sein de ce schéma narratif.
Nous retrouvons l’approche initiale de Barker concernant le rôle des cénobites face à ceux qui les invoquent. Leur motivation n’est guère de traquer sans raison leur proie mais de faire respecter un pacte conclu implicitement lors de l’activation de l’artefact.
De même, leur présence et leurs promesses mettent en évidence les vices des individus ainsi que la menace représentaient par ces derniers. L’essence même de Pinhead et ses comparses en comparaison des autres Boogeyman est que les cénobites ne sont pas la réelle menace. Ils sont le catalyseur révélant les motivations profondes de chacun d’entre nous.
Ce retour aux sources de la mythologie est plus qu’appréciable. Le récit adopte ainsi un rythme permettant de développer ses personnages, renouer avec l’ambiguïté de ses créatures et apprécier l’esthétisme atypique de cet univers. L’expérience proposée n’est pas cérébrale mais sensitive. La simplicité du récit est compensée par la densité visuelle de l’univers.

Odessa A’zion assise à table

Dans cette prolongation du lore, l’auteur inclut différents éléments pour renouveler la licence. Le prince noir incarné majoritairement par Doug Bradley laisse place à La prêtresse épousant les traits de Jamie Clayton. Ce changement notable reste cohérent avec le récit initial de Clive Barker. Originellement, le personnage était défini comme androgyne.
L’esthétique de ces personnages évolue également. Le cuir noir et les références au BDSM des années 80 est remplacé par des tenues blanches et l’incorporation d’éléments mécaniques. Déroutant dans un premier temps, ce changement trouve une cohérence lorsqu’on observe en détail cette proposition “vestimentaire”.
Le lien entre notre Monde et celui des Cénobites passe par le Cube. Son utilisation est revisitée afin de modifier son apparence au fil du temps. Outre son intérêt scénaristique indiquant l’avancement du récit, il montre la complexité et la minutie de cette orfèvrerie sadique. Nous retrouvons cette attention dans la façon dont les rouages en or ternie s’incorporent dans la chair. En cela, l’auteur exploite le concept de body modification appliqué par Barker dans son œuvre originelle. Le corps est redéfini afin de tendre vers une forme en adéquation avec les désirs de l’individu. En l’occurrence, les cénobites intègrent des mécanismes générant douleur et donc plaisir en continu.

En somme, cette nouvelle itération de la saga est une belle surprise. Le budget est mis au profit de l’esthétisme de son environnement et ses individus. Nous retrouvons les fondements de la mythologie tout en constatant des variations bien amenées.
Le récit n’est guère original mais l’approche compense largement cela.
Maintenant qu’une œuvre cinématographique propose un renouveau de l’univers, il nous tarde de découvrir comment les auteurs vont mettre à profit ces opportunités.

J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

Démarrant sa carrière à l’aube du XXIème siècle avec Une histoire vertébrale, Jérémie Clapin a réalisé ainsi quelques courts-métrages durant une dizaine d’années. Pour son premier long, l’auteur adapte le roman de Guillaume Laurant : Happy hand. Le projet est amené par Marc du Pontavice, producteur présent 

Too late de Dennis Hauck

Too late de Dennis Hauck

Réalisateur à la carrière éparse, Dennis Hauck œuvre depuis le début des années 2000 au sein du 7éme art par petite touche. Dernière création en date, Too late nous invite dans une investigation banale et peu commune à la fois.   En effet, l’auteur nous positionne aux 

PIFFF 2022 : Courts-métrages internationales

PIFFF 2022 : Courts-métrages internationales

Darker de Frank van den Bogaart : 

Darker Frank van den Bogaart  Screenshooter

Nous plaçant aux côtés d’une jeune fille tentant de comprendre la disparition de son père, l’auteur nous partage les croyances païennes flamandes.  
En adoptant le point de vue de l’enfant, le récit développe ainsi un parcours initiatique sombre et poétique. 
L’œuvre s’apparente à un conte cruel où la mémoire des disparus n’est possible qu’à travers un rituel atypique. Ce récit se suit avec curiosité et retranscrit une mythologie intrigante.

Don’t breathe de Milad Nasim Sobhan :  

Don’t breathe Milad Nasim Sobhan  Screenshooter

Le cinéma iranien s’exporte de plus en plus dans nos contrées pour notre plus grand plaisir. Il est pour autant rare que ces œuvres explorent le fantastique dans leur récit.
L’auteur propose une intrigue dans laquelle le genre s’ancre dans un drame social où une minorité est traquée par le gouvernement. À travers la quête rédemptrice de notre protagoniste, nous retrouvons cette critique de l’État oppresseur et sa police corrompue.
Loin d’apporter un renouveau dans les thématiques, le court réussi à se les approprier pour les mettre au service de son univers. Nous sommes curieux de découvrir les prochains de l’auteur et surtout sa vision. 

Gnomes de Ruwan Heggelman : 

Gnomes Ruwan Heggelman Screenshooter

D’une durée dépassant à peine cinq minutes, ce court Hollandais allie moments gores et humour avec une efficacité réjouissante.
Nous alternons entre la mise à mort imaginative d’un individu malchanceux et l’exploration du monde merveilleux de ces gnomes sanguinaires.
L’utilisation d’effets pratiques notamment dans l’animation des gnomes est captivante. Le procédé nous immerge entièrement dans ce jeu de massacre. L’adhésion à cette œuvre s’en retrouve renforcée.
La fin est volontairement ouverte pour nous rappeler l’aspect inexorable pour le maintien de cette tribu.

Good boy de Eros V : 

Good boy Eros V Screenshooter

Dénuée de préambule, l’œuvre nous plonge dans une confrontation asymétrique où les douces apparences contrastent avec la violence sanglante. 
Outre la singularité du concept, la force de l’œuvre est de ne pas se limiter dans les tentatives de mises à mort. L’auteur multiplie les idées de mises en scène pour retranscrire la détermination de ce petit chien adorable à exterminer tout être humain à sa portée. 
Nous suivons cette lutte d’une dizaine de minutes avec plaisir. La tonalité humoristique fait mouche et facilite l’adhésion du public au récit. Une énergie communicative se dégage de cette œuvre que nous ressentons pleinement. 

Le temple de Alain Fournier :  

Le temple Alain Fournier  Screenshooter

Adaptation lovecraftienne, ce court narre les périples d’un sous-marin allemand en train de sombrer lentement. 
Cette tragédie est vécue du point de vue du capitaine. Sous forme d’un journal de bord, nous assistons à la panique s’installant dans le navire. La trajectoire scénaristique est quelque peu prévisible mais efficace. 
La mise en scène permet de capter l’oppression propre au huit-clos. La folie et le désespoir sont palpables dans chaque expression de nos protagonistes. Bien que l’issue semble inéluctable, nous nous demandons quel sera le dénouement choisi par l’auteur. 
Le final nous offre une vision autant cauchemardesque que captivante. La promesse d’un voyage dépassant de loin ce que notre imagination peut créer.  

There are no ghosts de Nacho Solana :  

There are no ghosts Nacho Solana  Screenshooter

Ouvrant son récit sur une scène de ménage, l’auteur nous place aux côtés d’Andrea. Cette dernière propose un service peu commun. 
À travers un cas concret d’une mère endeuillée, nous suivons les méthodes adoptées par cette jeune femme. Un troisième individu est présent afin de créer une dynamique intéressante sur la lecture des événements. 
Bien qu’adoptant le point de vue de notre protagoniste féminin, l’auteur permet aux autres d’exprimer leurs contres-arguments. 
Plus que la résolution de ce cas, le récit captive par son approche vis-à-vis des croyances autour du spiritisme. La mécanique présentée durant le court-métrage nous offre ainsi un final émouvant.  

Sucks to be the moon de Tyler March et Eric Paperth :  

Sucks to be the moon Tyler March Eric Paperth  Screenshooter

Parmi cette sélection de courts-métrages riche en hémoglobines et désolation, cette œuvre musicale est assurément l’OFNI de la compétition. 
Avec son animation crayonnée et son synopsis simpliste, nous pourrions croire que l’œuvre est à destination d’un jeune public. L’évolution du récit nous prouve le contraire lorsque le système solaire se dérègle. 
De même, l’aspect musical est bien amené. Un rythme entêtant s’installe et s’accorde parfaitement avec la tonalité humoristique souhaitée. 
Il clôt d’une belle façon la compétition internationale. Nous sortons de la salle sifflotant joyeusement après avoir assisté à nombre de mise à mort brutale.  


Avec cette sélection de courts-métrages internationaux, le PIFFF mise sur la diversité du genre pour nous dépayser. Les œuvres sont de qualités et il fut difficile pour le public de les départager. Le vainqueur de la compétition est Gnomes de Ruwan Heggelman. 

Saloum de Jean Luc Herbulot

Saloum de Jean Luc Herbulot

Après quelques court-métrages dans les années 2010, Jean Luc Herbulot s’était fait remarquer avec son énergique Dealer. Il a depuis œuvré pour quelques séries telles que Falco, Ghoul et Sakho & Mangane.  Nous le retrouvons en terres africaines pour ce deuxième long-métrage.  Passée une introduction 

PIFFF 2022 : Courts-métrages français

PIFFF 2022 : Courts-métrages français

L’homme à la Mercedes pourpre de Marine Levéel : Suivant le parcours d’une sexagénaire, l’autrice retranscrit le poids d’une douleur longuement étouffée. Nous observons les conséquences d’un événement tragique dans son quotidien.Ici, le fantastique s’ancre subtilement dans le réel. La menace planante n’a d’abstrait que son 

Vicious Fun de Cody Calahan

Vicious Fun de Cody Calahan

Peu connu dans nos contrées, Cody Calahan œuvre depuis une quinzaine d’années en tant que réalisateur et producteur de films horrifiques.
Sorti en 2020 aux États-Unis, Vicious Fun nous place aux côtés de Joël. Ce jeune homme introverti et passionné de cinéma se retrouve confronté à une équipe de tueurs faisant partie d’un groupe de paroles.

Cette situation est amenée progressivement. Nous découvrons tout d’abord notre passionné du septième art dans son quotidien entre interview d’artistes arrogants et sa morne vie privée.
Ces premiers instants permettent de créer de l’empathie mais surtout d’exposer la tonalité de l’œuvre.
En effet, nous comprenons rapidement que l’auteur souhaite jouer avec les codes du genre. Les protagonistes ont des traits de caractères exagérés. Sans les tourner en ridicule, ils sont mis à profit afin de créer des situations comiques. Nous nous amusons de ces événements et de la définition archétypale de ces individus.
Le récit commence ainsi avec un enchaînement de mauvais choix l’entraînant inexorablement vers un point de non-retour. Cette succession de situations est bien cadencée et génère un rythme permettant de capter l’attention du spectateur.

Une fois ce point de bascule passé, cette alchimie s’étiole. Le réalisateur opte pour une trajectoire scénaristique malheureusement trop convenue. Toute promesse énoncée lors du cercle de paroles se retrouve ainsi compromise. Nous glissons vers une chasse à l’homme opposant deux camps clairement définis.
La situation initiale aurait pu nous amener vers une nuit rythmée par des meurtres sanglants poussant notre jeune critique cinéma à se fondre dans cet environnement morbide. Ce cheminement aurait été plus jouissif et cohérent avec la première partie.
L’auteur préfère emprunter des chemins balisés. La plupart de la seconde partie se déroule dans un unique lieu accentuant l’inertie de l’intrigue. L’humour ne permet pas de faire abstraction de cette absence d’originalité.
Nous suivons donc la suite des événements avec une certaine frustration. L’ensemble devient prévisible et ne fait qu’ajouter une sensation d’enlisement à ce marasme ambiant.
Nous accueillons donc la conclusion avec un certain soulagement. Notre ressenti se retrouve ainsi partagé entre la frustration d’un coche loupé et la lassitude d’avoir visionné une énième œuvre comico-horrifique.

Finalement, Vicious Fun n’est pas un mauvais film mais surtout une promesse non tenue. Il pourra satisfaire les amateurs du genre mais il est peu probable que celui-ci imprègne durablement notre rétine.

Athena de Romain Gavras

Athena de Romain Gavras

Co-fondateur du collectif Kourtrajmé, Romain Gavras s’est forgé une carrière cinématographique discrète entre clips musicaux pour des artistes renommés (Justice, M.I.A) et long-métrages atypiques (Notre jour viendra, Le monde est à toi). Scénarisé conjointement avec Ladj Ly, ce nouveau projet est l’opportunité de bénéficier d’une