J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

Deceived destiny

Synopsis :

A Paris, Naoufel tombe amoureux de Gabrielle. Un peu plus loin dans la ville, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. S’engage alors une cavale vertigineuse à travers la ville, semée d’embûches et des souvenirs de sa vie jusqu’au terrible accident.

J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

MON AVIS :

Démarrant sa carrière à l’aube du XXIème siècle avec Une histoire vertébrale, Jérémie Clapin a réalisé ainsi quelques courts-métrages durant une dizaine d’années. 
Pour son premier long, l’auteur adapte le roman de Guillaume Laurant : Happy hand. Le projet est amené par Marc du Pontavice, producteur présent sur de nombreuses séries d’animation de notre enfance (Les zinzins de l’espace, Oggy et les cafards,…). 

Prenant comme point de départ la réanimation de la Main, l’œuvre développe sa trame sur deux temporalités. 
Nous vivons l’instant présent aux côtés de ce membre solitaire. Son périple semé d’embûches s’entrecoupe d’une seconde trajectoire retraçant la vie du propriétaire de cette main : Naoufel. 
Cette juxtaposition retranscrit la cavalcade entreprise par ce membre orphelin. Ses motivations se définissent à travers les événements passés de son propriétaire. Nous tentons de comprendre les circonstances ayant provoqué leur séparation. 
Au cours du récit, nous nous prenons d’affection pour cet adolescent. Son parcours tristement commun entre son travail peu rémunéré et la situation précaire induite dressent un cadre facilement identifiable. 
Tandis que notre empathie se développe pour ce garçon, nous ressentons également une tension latente. En effet, le périple de cette Main nous rappelle constamment qu’un drame a eu lieu. Nous avons beau apprécié l’évolution positive dans la vie de Naoufel, nous savons également qu’un futur incident viendra mettre fin à cette belle parenthèse. 
Nous nous retrouvons à appréhender chaque instant au fur et à mesure que l’histoire avance. Une étonnante dualité émotionnelle se crée ainsi. La joie des moments retranscrits cohabite avec la peur quant à la suite du récit. 

Jeune homme partition musique astronaute noir et blanc

La mise en scène contribue également à véhiculer ces sensations fortes. Les scènes retraçant le passé sont teintées d’une douce nostalgie. Bien que les événements ne sont pas toujours positifs, le sentiment général reste optimiste. La trajectoire du jeune homme tend à s’améliorer au fil des rencontres. 
À contrario, le présent de notre Main est constellé d’embûches. Outre la sensation d’urgence dans le périple, le cadre est constamment oppressant. Ces différents dangers sont notamment liés à la mise en perspective de l’environnement face à la taille réduite du membre isolé. L’auteur regorge d’ingéniosité pour créer des situations où notre quotidien prend une tout autre perspective. 
La juxtaposition des scènes passées et présentes transforme l’œuvre en ascenseur émotionnel constant. Nous sommes captivés par le vécu du jeune homme. Notre empathie est constamment sollicitée et renforce notre implication au sein de ce récit. 

En somme, J’ai perdu mon corps est un long-métrage poétique grâce à sa mise en scène et émouvante de par son histoire. La conclusion nous laisse imaginer la suite pour ces jeunes personnages. 
Il n’est guère étonnant que l’œuvre ai de nombreuses récompenses notamment au Festival de Cannes, au Festival d’Annecy ou encore au César. 
À date, Jérémie Clapin reste discret quant à la suite de ses projets. Sa dernière participation cinématographique remonte en 2021 pour le documentaire Satoshi Kon, l’illusionniste de Pascal-Alex Vincent.



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