La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher
Loneliness
Synopsis :
En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein, Sam doit se rendre à l'évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s'organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?
MON AVIS :
Après quelques court-métrages réalisés durant les années 2010, Dominique Rocher passe au format long avec l’adaptation du roman éponyme de Martin Page.
Passée une introduction festive dans un appartement bondé, nous nous réveillons aux côtés de Sam dans un silence de morts. Prenant à contre-pied la trame classique du rescapé d’une apocalypse zombiesque, le jeune homme refuse d’explorer le monde extérieur. Il opte pour le confinement dans une attitude pragmatique et clairvoyante. En lieu et place d’une exploration de l’extérieur, l’unique résident de l’immeuble transforme son logis en bastion sécurisé.
L’évaluation de la gravité de la situation s’effectue à travers la fenêtre, bien à l’abri de toutes morsures. Cette opération se fait dans une quiétude pesante où le moindre bruit devient menaçant.
L’auteur opte ainsi pour une progression tout en lenteur. Elle contrebalance avec la frénésie de la scène d’introduction. Nous prenons le temps de suivre l’évolution psychologique de l’unique survivant. Nous comprenons le poids de la solitude sur son quotidien. Découpé implicitement en chapitres, l’œuvre retranscrit les moyens possibles pour surmonter l’isolement.
Le silence enveloppe notre protagoniste. Les voix se remplacent progressivement par le bruit d’un ersatz de vie que tente de recréer l’unique résident. Ces tentatives illusoires sont de courtes durées. Le verbe revient donc pour affronter cette réalité en putréfaction quitte à attirer l’attention du Monde en dehors.
Plus qu’un film sur l’épidémie de zombies, La nuit a dévoré le monde est une réflexion intimiste sur la solitude et les différentes façons de l’affronter. La nécessité de sociabiliser se heurte à l’absence d’interlocuteur viable. Notre protagoniste va donc redoubler d’imagination afin de trouver des alternatives pour satisfaire ce besoin.
Au fil du récit, nous observons les fêlures de la santé mentale de l’homme. Les morts sont certes dangereux mais les tourments internes sont tout autant périlleux lorsqu’ils troublent notre vigilance.
Bien que se concentrant sur l’aspect psychologique de son personnage, le metteur en scène n’oublie pas son environnement. Le film est ponctué de rappel de la menace encerclant le bâtiment. Ces pics de tension contrastent avec le quotidien silencieux du résident. Ils sont des rappels de sa triste réalité. Le choc est d’autant plus impactant lorsque ces moments surviennent.
En somme, l’œuvre de Dominique Rocher est autant une réflexion sur l’isolement qu’un film de zombies. L’auteur joue habilement sur les deux pans sans se perdre en cours de chemin. Depuis l’auteur poursuit doucement son exploration du fantastique avec la réalisation de la série La corde.