Hellraiser de David Bruckner

Your tears, my pleasure

Synopsis :

Une jeune femme aux prises avec une dépendance entre en possession d'une ancienne boîte à puzzle, ignorant que son but est d'invoquer les cénobites, un groupe d'êtres surnaturels sadiques d'une autre dimension.

Hellraiser de David Bruckner

MON AVIS :

Parmi les sagas horrifiques, les accidents de parcours sont nombreux. La trajectoire d’Hellraiser en est l’exemple flagrant. Après deux premiers opus captivants, les suivants nivelaient par le bas la qualité des propositions.
Bien que prometteur dans ses intentions, Hellraiser : judgment est bien loin des espoirs que nous pouvions avoir sur l’œuvre de Gary J. Tunnicliffe.
La perte de la licence par Dimensions Films annonçait un possible renouveau de la licence. D’un côté, HBO désirait produire une série. Les dernières nouvelles à ce sujet datent de 2021. De l’autre, David S. Goyer souhaitait développer une nouvelle itération cinématographique.
Cette dernière sera concluante et se prénomme sobrement : Hellraiser. Souhait de reboot de la franchise ou refus de s’ancrer dans la continuité de tentatives filmiques désastreuses ? L’œuvre de David Bruckner s’inscrit en rupture avec ses prédécesseurs.

Amorçant de façon conventionnelle avec une scène d’introduction dévoilant l’univers à venir, nous suivons ensuite Riley dans son quotidien. Entre sa collocation avec son frère et son combat pour rester sobre, la jeune femme va voir son quotidien chamboulé par l’arrivée du fameux Rubik’s cube créé par Clive Barker.
Le récit déroule ensuite une intrigue relativement commune. Des êtres humains découvrent l’artefact maudit et se retrouvent confrontés à des êtres supposément maléfiques. La trajectoire n’est guère surprenante. La dynamique de groupe permet de s’intéresser aux personnages bien que chacun d’eux incarne une fonction au sein de ce schéma narratif.
Nous retrouvons l’approche initiale de Barker concernant le rôle des cénobites face à ceux qui les invoquent. Leur motivation n’est guère de traquer sans raison leur proie mais de faire respecter un pacte conclu implicitement lors de l’activation de l’artefact.
De même, leur présence et leurs promesses mettent en évidence les vices des individus ainsi que la menace représentaient par ces derniers. L’essence même de Pinhead et ses comparses en comparaison des autres Boogeyman est que les cénobites ne sont pas la réelle menace. Ils sont le catalyseur révélant les motivations profondes de chacun d’entre nous.
Ce retour aux sources de la mythologie est plus qu’appréciable. Le récit adopte ainsi un rythme permettant de développer ses personnages, renouer avec l’ambiguïté de ses créatures et apprécier l’esthétisme atypique de cet univers. L’expérience proposée n’est pas cérébrale mais sensitive. La simplicité du récit est compensée par la densité visuelle de l’univers.

Odessa A’zion assise à table

Dans cette prolongation du lore, l’auteur inclut différents éléments pour renouveler la licence. Le prince noir incarné majoritairement par Doug Bradley laisse place à La prêtresse épousant les traits de Jamie Clayton. Ce changement notable reste cohérent avec le récit initial de Clive Barker. Originellement, le personnage était défini comme androgyne.
L’esthétique de ces personnages évolue également. Le cuir noir et les références au BDSM des années 80 est remplacé par des tenues blanches et l’incorporation d’éléments mécaniques. Déroutant dans un premier temps, ce changement trouve une cohérence lorsqu’on observe en détail cette proposition “vestimentaire”.
Le lien entre notre Monde et celui des Cénobites passe par le Cube. Son utilisation est revisitée afin de modifier son apparence au fil du temps. Outre son intérêt scénaristique indiquant l’avancement du récit, il montre la complexité et la minutie de cette orfèvrerie sadique. Nous retrouvons cette attention dans la façon dont les rouages en or ternie s’incorporent dans la chair. En cela, l’auteur exploite le concept de body modification appliqué par Barker dans son œuvre originelle. Le corps est redéfini afin de tendre vers une forme en adéquation avec les désirs de l’individu. En l’occurrence, les cénobites intègrent des mécanismes générant douleur et donc plaisir en continu.

En somme, cette nouvelle itération de la saga est une belle surprise. Le budget est mis au profit de l’esthétisme de son environnement et ses individus. Nous retrouvons les fondements de la mythologie tout en constatant des variations bien amenées.
Le récit n’est guère original mais l’approche compense largement cela.
Maintenant qu’une œuvre cinématographique propose un renouveau de l’univers, il nous tarde de découvrir comment les auteurs vont mettre à profit ces opportunités.



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