PIFFF 2022 : Courts-métrages français

Synopsis :

Le septième art est un terrain d’expérimentation offrant la possibilité aux artistes d’explorer les champs du possible. La compétition de court-métrages français de cette onzième édition du PIFFF permet de découvrir six réalisateurs et réalisatrices et leur sensibilité au genre.

PIFFF 2022 : Courts-métrages français

MON AVIS :

L’homme à la Mercedes pourpre de Marine Levéel :

homme mercedes pourpre Marine Leveel  screenshooter

Suivant le parcours d’une sexagénaire, l’autrice retranscrit le poids d’une douleur longuement étouffée. Nous observons les conséquences d’un événement tragique dans son quotidien.
Ici, le fantastique s’ancre subtilement dans le réel. La menace planante n’a d’abstrait que son absence physique dans le quotidien de notre protagoniste. Il ne cesse pour autant de la hanter depuis des années et de façonner sa vie.
La composition de plans contemplatifs contraste avec son sujet. Il est cohérent avec le mode de vie de cette mère de famille. Nous ressentons l’écoulement lent du temps, la nature souvent apaisante mais parfois dangereuse.
Marine Levéel crée ainsi une œuvre bouleversante et d’une très belle justesse.

Uberlink de Robert Hospyan:

uberlinks Robert Hospyan  screenshooter

L’amour 2.0 et ses sites de rencontres est une thématique longuement développée. Robert Hospyan récupère ce sujet en incluant un détail faisant toute la différence.
Durant une quinzaine de minutes, l’auteur superpose les dialogues et les scènes pour créer un rythme effréné. Bien que l’humour soit prédominant, l’œuvre réussi à être touchante lorsque la nature profonde des protagonistes est dévoilée.
Dans cette effervescence d’énergie, nous pouvons regretter que la conclusion n’adopte pas un montage plus conventionnel pour ralentir le rythme et ainsi décupler l’émotion véhiculer.
Un détail qui n’enlève en rien le plaisir que nous avons à suivre ce quatuor.

Pas à pas de Seb Duhem :

pas a pas Sébastien Duhem Screenshooter

Loin des univers postapocalyptiques désolés aux éclats ternes, Seb Duhem opte pour un monde riche en couleurs où la nature a repris ses droits.
Quasiment dénué de dialogues, nous suivons les pérégrinations d’un homme vraisemblablement érudit. Sa rencontre avec un autre individu donnera lieu à un périple attendrissant.
Nous nous plaisons à observer ce voyage empli d’inventivité et d’émotions. L’absence de conversation est compensée par la présence d’une BO entêtante.
Nous prenons plaisir à découvrir l’inventivité de l’univers et la seconde vie donné aux objets désuets.
L’œuvre se transforme in fine en parcours initiatique. Face à des fins de Monde dépressifs, l’auteur propose un renouveau optimiste, du moins pour les quelques survivants.

Les racines sauvages de Nicolas Millot :

les racines sauvages Nicolas Millot Screenshooter

Il suffit parfois de peu de choses pour créer une tension. Nicolas Millot l’a bien compris avec cette déambulation en pleine forêt. L’ensemble du récit repose sur le son notamment les bruits émanant de la végétation.

Nous suivons un homme désorienté tentant de comprendre pourquoi son ami s’est donné la mort en ces lieux.
Pour vivre cette expérience, l’auteur nous positionne à hauteur de notre homme tourmenté. Nous sommes totalement immergés dans cette déambulation.
L’auteur conserve le mystère jusqu’au dénouement. La dernière scène peut laisser dubitative mais n’enlève en rien l’expérience proposée.

Colonie de Romain Daudet-Jahan:

colonie Romain Daudet-Jahan Screenshooter

En adoptant le point de vue d’un adolescent en plein mal-être, Joffrey Monteiro-Noël propose une relecture efficace du body snatcher.
Après une scène expliquant le point de friction entre le père et son fils, nous observons comment le garçon appréhende une situation surnaturelle. La tension monte crescendo entre deux entités de plus en plus similaires.
Nous assistons impuissant à un processus d’assimilation s’amplifiant au fil des interactions. La frontière entre le garçon et son double se brouille progressivement jusqu’à un affrontement final intelligemment mené.
La conclusion est en cohérence avec le genre qu’il aborde et nous permet d’écrire la suite de ce récit.

L’appel de Joffrey Monteiro-Noël :

appel Joffrey Monteiro-Noël Screenshooter

Prenant place en pleine forêt enneigée helvétique, l’auteur nous positionne aux côtés de Romane. Nous suivons le quotidien thérapeutique de cette adolescente alors qu’une menace indicible semble roder autour d’elle.
L’œuvre joue habilement avec son environnement pour créer une tension insidieuse. Bien qu’adoptant le point de vue de l’enfant, d’autres protagonistes viennent contrebalancer la perception que nous pouvons avoir.
L’ensemble se suit facilement jusqu’à une conclusion ouverte nous laissant malheureusement notre faim.


Les six œuvres sélectionnées par le PIFFF cette année nous aura permis de voyager à travers des univers variés. Certaines effleurent le genre tandis que d’autres l’embrassent entièrement. Dans les deux cas, les artistes s’approprient les codes pour nous narrer des histoires prenantes.
Pour cette onzième édition, le court ayant remporté l’Oeil d’Or est Colonie de Romain Daudet-Jahan.



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