The Medium de Banjong Pisanthanakun
Family legacy
Synopsis :
Une descendante de shaman dans le Nord-Est de la Thaïlande rencontre une déité malfaisante ayant pris possession d'un membre de sa famille.
MON AVIS :
Réalisateur thaïlandais à la carrière discrète, Banjong Pisanthanakun s’était fait remarquer au début du siècle avec l’efficace Shutter. Œuvre ayant d’ailleurs bénéficié d’un remake américain insipide.
Une vingtaine d’années plus tard, nous le retrouvons avec The Medium dont le producteur n’est nul autre que l’homme derrière les excellents The Chaser et The Stranger : Na Hong-Jin.
Cette connexion est loin d’être anodine au regard des ponts entre le dernier film du réalisateur sud-coréen et ce long-métrage.
Nous sommes placés aux côtés d’une shaman venant en aide à la population locale. À travers les interviews, nous avons les bases pour comprendre son quotidien. Nous pouvons ainsi rapidement entrer au cœur du sujet, en l’occurrence la possession d’un membre de sa famille.
Retranscrit sous forme d’un documentaire, le récit se divise en deux parties distinctes.
Dans un premier temps, nous naviguons entre les différents individus liés à cette fratrie. Nous apprenons ainsi le passif au sein de cet arbre généalogiquement gangréné. Lors de cette phase, la menace spirituelle s’immisce lentement et donne lieu à divers incidents à la gravité graduelle.
Le fil rouge se construit tout en approfondissant les connexions entre les individus. Nous développons ainsi de l’empathie pour ces protagonistes tentant d’affronter cette situation selon leurs croyances.
Le point de bascule s’amorce lorsque le déni face à la réalité n’est plus possible. Nous entrons ainsi dans la seconde partie du récit.
Nous abordons alors de façon plus frontale l’aspect surnaturel de l’œuvre. Nous délaissons la retranscription d’un drame familial pour embrasser le potentiel horrifique du sujet. Les mécanismes employés restent convenus mais prolongent l’atmosphère oppressante établie lors de la première heure passée.
La tension ne cesse de croître. Après avoir constaté les conséquences sociétales et relationnelles de la possession de la victime, nous nous retrouvons face à la transformation de la proie en bourreau. Ce changement de situation redéfini les enjeux et notre affect pour les personnes impliquées.
La destruction hante l’environnement de nos personnages. Nous devenons spectateurs d’événements dévastateurs en espérant pouvoir être témoin d’une résolution positive pour les survivants de cette malédiction.
L’approche de l’auteur face à son sujet est pertinente. Durant ces deux heures, nous oscillons entre deux genres s’interconnectant. Le drame familial se couple à l’aspect horrifique de la thématique. Ils injectent respectivement leurs éléments clés pour définir un cadre sociétal réaliste et pertinent tout en créant des situations parfois radicales.
En cela, nous retrouvons une approche similaire à celle mise en place dans The Strangers avec ce mélange de genres.
De ce fait, bien que la trajectoire initiale soit prévisible, le soin apporté à l’écriture de ses personnages nous permet de s’immerger entièrement dans l’univers. Il en est de même pour la retranscription de la possession et les tentatives d’exorcisme. Nous sommes face à des mécanismes ordinaires mais utilisés de façon efficace pour créer une atmosphère nihiliste.
En somme, The Medium est une œuvre honorable nous proposant un voyage immersif au sein des rites shamaniques mais surtout au cœur de la damnation.