Relic de Natalie Erika James

Cursed

Synopsis :

Lorsqu’Edna, la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale isolée pour la retrouver. Peu après le retour d’Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir qu’une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-elle vraiment…

Relic de Natalie Erika James

MON AVIS :

Tout en poursuivant son exploration des peurs profondes voire indicibles, Natalie Erika James passe au long-métrage avec Relic.
Ouvrant sur une situation intrigante, l’autrice dévoile instantanément l’atmosphère de son univers. Une ellipse s’ensuit nous amenant directement au cœur du récit. Les événements seront ensuite principalement narrés à travers la perception de la fille et petite-fille de l’hôtesse des lieux.

Adoptant une forme horrifique convenue, la réalisatrice brasse diverses thématiques captivantes.
La première réside évidemment dans les conflits générationnels au sein de la cellule familiale. Chaque protagoniste incarne une époque et un mode de vie. Leurs interactions permettent autant à cerner la situation présente que de comprendre leur passif. Bien que parfois trop explicitée, la vision de chacune sur cette cellule familiale est un atout indéniable au sein de l’intrigue. La situation initiale les pousse à prendre des décisions en accord avec leur philosophie amenant invariablement des confrontations.
Le deuxième sujet est la démence. La perte de notion sur la réalité qui nous entoure est un terreau fertile pour les œuvres fantastiques. Sur ce plan, Natalie Erika James joue intelligemment sur la frontière entre événements résultant d’un accès de folie et manifestation surnaturelle. Dans la première partie du récit, les péripéties ont cette double lecture. Ce refus d’expliciter la nature de la menace permet de créer une tension latente car imprévisible. Il faudra attendre le dernier tiers pour que la réalisatrice embrasse entièrement l’une des deux voies.
Avant de plonger dans les tréfonds de la demeure avec cet ultime acte, l’œuvre déroule les différentes pathologies propres à la maladie de la grand-mère. En résulte l’accentuation du gouffre qui sépare la matriarche à sa descendance. Les échanges sont constamment parasités par le comportement changeant de la maîtresse des lieux.

Relic Natalie Erika James Screenshooter

Le dernier axe de lecture est notre rapport à la Mort. Cette entité imprègne depuis longtemps les murs de la demeure et in fine celles et ceux qui y ont logé. Ici la faucheuse se rappelle aux protagonistes à travers l’accumulation des souvenirs de personnes disparues. Plus qu’un lieu vivant, cette maison isolée est un sanctuaire, une stèle commémorative où les cartons accumulés recèlent les vestiges d’un mode de vie en voie d’extinction. La bobine est parcourue de situations poussant à se remémorer un passé totalement révolu. La peur de la Mort se retranscrit aussi dans les rêves poisseux de Kay. Chacune des protagonistes a son propre rapport avec cet aspect de la vie. De part les écarts d’âge, leur vision de ce passage inéluctable se retranscrit dans leur façon d’évoluer au sein de la demeure.

La trame de fond du récit est donc dense et fascinante. Le rythme lent permet d’explorer ces thématiques tout en développant les personnages. De l’empathie naît pour ce trio de femmes au vu des situations vécues. Cette proximité créée sera grandement mise à profit lors du dernier tiers de l’œuvre.
Malheureusement, au moment où la vérité éclate sur la nature de la menace, Natalie Erika décide de clore son film. Certes le plan final est beau et chargé d’émotions. Pour autant, on a la sensation de n’avoir qu’effleurer le cœur du sujet. La tension accumulée culmine sur un enchaînement de situations anxiogène efficace. Pour autant, sur l’aspect narratif, ces derniers événements apportent plus de questions que de réponses sur le mystère entourant cette famille.

Au final, Relic est pertinent dans son analyse des conflits générationnelles au sein de la cellule familiale et à quel point la Mort réunit autant qu’il nous sépare. Par contre, en temps qu’œuvre de genre, elle est une expérience particulièrement frustrante tant la fin est abrupte et nous laisse sur la fin.



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