Black Mirror Saison 5 de Charlie Brooker

Black Mirror Saison 5 de Charlie Brooker

MON AVIS :

Striking Vipers :    

Passé une dizaine de minutes, contextualisant le récit à venir, l’épisode suit les relations liant Danny Parker, sa femme Theo et son meilleur ami Karl.   
Nous comprenons que l’homme vit selon le modèle de l’être socialement intégré : un emploie de bureau, une maison dans un quartier résidentielle, une sphère familiale stable, …. 

Karl est son exact opposé : célibataire, vivant dans un appartement en plein centre, ….  
De cet antagonisme résulte donc des interactions permettant de comprendre la psyché de chacun, leur ressenti vis-à-vis de leurs conditions. 

Black Mirror saison 5 Striking Vipers homme connecté

Nous prenons ainsi le temps de comprendre leur routine, leurs relations pour ensuite détecter comment “l’incident” impacte leur train de vie. Nous observons les fêlures apparentes, les fossés se creusant et l’explosion, du cadre faussement idyllique, que ces signes annoncent.
Le jeu vidéo est autant le médium permettant de s’évader de leur réalité que l’environnement responsable de cette situation délétère. De ce constat né le dilemme dont les deux hommes doivent faire face. Leur vie leur semble morne, banale alors que cet univers alternatif amène de nouvelles possibilités
, mais aussi des interrogations sur ce qui les défini. 

À travers ce récit, le scénariste Charlie Brooker, aborde les dérives et les interrogations que la réalité virtuelle amène. De cet épisode, nous pouvons retenir les questionnements suivants : 
  • Éprouver des émotions envers un personnage virtuel, implique-t-il de ressentir ces mêmes sentiments pour l’être réel qui le représente ? 
  • Une relation extra-conjugale, purement virtuelle, est-elle aussi préjudiciable moralement qu’une autre réelle ? 
  • Une relation virtuellement hétérosexuelle incarnée par deux personnes du même sexe signifie-t-elle que ces derniers sont homosexuels ? 
  • Les jeux-vidéos en réalité virtuels, doivent-ils être encadrés pour éviter toutes dérives ou au contraire laisser plus de libertés aux joueurs ? 
L’auteur y apporte des réponses sans pour autant nous les imposer comme vérité absolue, mais comme une solution opté par ses personnages.

Smithereens:

Pourquoi un jeune chauffeur séquestre-t-il un employé d’une entreprise afin de joindre le président de celle-ci ? 
À partir de cette situation, nous embarquons dans un thriller alternant entre la récolte d’informations sur le preneur d’otage et le périple entrepris pour joindre le directeur de la société Smithereens. Ces deux trames se déroulent en parallèle en faisant intervenir et interagir l’ensemble des protagonistes.   
De ce fait, bien que la situation initiale implique une unité de temps et de lieu, l’auteur s’affranchit de cette seconde règle en suivant les recherches effectuées par les employés du réseau social.  On obtient ainsi un rythme soutenu, sous forme de course contre la montre, où les informations redéfinissent les rapports de force entre les personnages.
Black Mirror Saison 5 Smithereens homme voiture
On se laisse facilement embarqué par cette histoire, certes classique dans sa forme, mais parfaitement maîtrisé pour éviter que des longueurs s’installent. Cet écueil est évité en multipliant les points de vue pour les rendre complémentaires. Ce procédé évite que les personnages, hormis le trio principal, ne soient réduit à des rôles figuratifs.
Il en est d’autant plus regrettable que la motivation du ravisseur soit si banale. En effet, bien que nous interrogeant sur notre relation vis-à-vis des réseaux sociaux, il est décevant de voir que le cœur de tout cette histoire ne soit pas plus complexe, original
La question de la collaboration entre des sociétés collectant des données privées, tel que les réseaux sociaux, avec les autorités compétentes est bien travaillé. Par contre, la pseudotentative de culpabilisation et le syndrome du créateur dépassé par son monstre, font tâches. Pour une série censée traiter de problématiques à venir, de par notre rapport aux nouvelles technologies, le propos est quelque peu daté et déjà largement abordé.

Rachel, Jack and Ashley Too:

Rachel surmonte ses problèmes en se liant à une poupée robotisée d’Ashley O, son idole. Cette dernière doit, elle, faire face à la dichotomie entre ses aspirations personnelles et son aura de pop-star
Nous suivons ces deux parcours en parallèle. On observe ainsi les problèmes communs auxquels elles doivent faire face : un entourage peu réceptif, la quête de leur identité, des tentatives d’émancipation infructueuses, ….  
Le point de divergence réside au fait que Rachel prend comme modèle le personnage public Ashley O pour s’élever alors que cette dernière tente de s’affranchir de cette image d’icône de la jeunesse.
Black Mirror saison 5 Rachel Jack and Ashley Too femme
La trame narrative, bien que classique dans son évolution, est suffisamment rythmée pour ne pas regretter son absence d’originalité. Le travail sur les personnages, notamment périphérique à Rachel et Ashley O, permet de traiter des problématiques variées auxquelles nous pouvons nous identifier telles que la perte d’un être cher ou l’éloignement de son prochain. On obtient ainsi des situations réalistes, nous permettant de générer de l’empathie.
L’analyse sur l’avenir de l’industrie du disque, ainsi que la relation entre les artistes et les majors, est pertinente. Elle trouve d’ailleurs déjà des échos dans notre société. L’hologramme de Michael Jackson lors des Billboard Music Awards ou les innombrables titres posthumes d’Xxxtentacion sont les signes, parmi d’autres, de ce qu’annonce cet épisode.
Cette toile de fond s’incorpore au sein d’un récit rondement mené bien qu’inoffensif.

Bilan :

Après un Bandersnatch, servant de vitrine au film interactif au détriment de sa trame narrative, il est rassurant d’assister à des histoires plus classiques, mais plus efficace aussi. On peut cependant regretter l’absence de réelles prises de risque dans le traitement des sujets. 
En effet, là où les précédentes saisons comportées des moments voire épisodes capables d’éprouver le spectateur, ces trois nouveaux épisodes, bien qu’honorables, ne sont pas pour autant mémorables.



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