Euphoria saison 2 de Sam Levinson

Therapy

Synopsis :

Un groupe de lycéens américains noient ses problèmes dans le sexe, l'alcool et la drogue. En quête d'identité dans un monde superficiel obsédé par les réseaux sociaux, les névroses de chacun sont exposées aux yeux de tous.

Euphoria saison 2 de Sam Levinson

MON AVIS :

Après un détour par Netflix avec l’entraînant Malcom & Marie, Sam Levinson nous offre une deuxième saison de son percutant Euphoria.
En 2019, nous découvrons un panel d’adolescents approchant dramatiquement de l’âge adulte. Les huit premiers épisodes ont permis de prendre nos marques dans cette ville typique des bourgades étasuniennes. Les trajectoires s’entremêlaient afin de créer un tableau riche en tensions et en émotions.
Trois années et deux épisodes transitionnels plus tard, nous observons les conséquences de leurs actes. L’euphorie et l’insouciance se sont brisées face à la Vérité. Une gueule de bois émotionnel emplie de désillusions et de naufrages. Les êtres se retrouvent tétanisés dans leur quotidien tentant d’y retrouver un sens. Le déni ainsi que l’incapacité à s’extraire de cet environnement donnent lieu à l’explosion des frustrations enfouies et l’implosion de leur schéma relationnel.

La retranscription de ce constat se fait à plusieurs niveaux.
Nous avons tout d’abord une restriction des lieux. Là où nous naviguions dans une grande variété d’endroits, nous sommes ici principalement figés dans le foyer de chacun. La léthargie est ainsi traduite par le cloisonnement. Il y a cette nécessité de se replier dans le dernier bastion pouvant accueillir leur être fragmenté.
Cette zone géographique réduite influe sur la gestion du rythme et la notion de temps. L’énergie s’est tarie. L’exploration de ses limites et leurs possibilités a touché à son terme. Nos protagonistes doivent maintenant digérer ces événements et évoluer en fonction des leçons tirées. Ce processus introspectif est lent, emplie de digressions. Certains adoptent des routines toxiques pour conserver un semblant de paraître. D’autres détruisent jusqu’à la dernière parcelle d’estime de soi. Ces approches provenant de motivations différentes aboutissent à un résultat similaire : le glissement vers l’oubli de soi. Une dérive que la lenteur des évènements permet de mettre en exergue. Là où la frénésie de la première saison était source de tensions, nous la ressentons ici dans l’enlisement des mécanismes toxiques.
Cette perte de contrôle sur son identité, sa personnalité entraine une fragmentation. Nous la constatons dans le montage parfois déstructuré des scènes ou dans la chronologie non-linéaires des événements.
Le paradoxe est donc d’observer ces gens courir après un semblant d’équilibre tout en restant figé dans ces lieux communs.

 Maude Apatow assise theatre

Parmi cette galerie d’êtres en perdition, l’un d’eux se démarque dans sa position au sein du groupe.
En retrait sur les différents événements retranscris, cette personne se rapproche du spectateur de par la vue d’ensemble qu’elle obtient.
Sa présence dans cette deuxième saison tisse un fil rouge ténu et pourtant primordial dans la trajectoire scénaristique adoptée. En effet, elle quitte son rôle de témoin anonyme et impassible pour se transformer en thérapeute peu conventionnelle. Cette transition discrète débouche sur une conclusion électrisante où les maux sont synthétisés et projetés sans filtre au public.
Nous obtenons ainsi une remise en perspective de chaque personne dans sa trajectoire individuelle mais surtout au cœur des évènements clés de leur microcosme. Cette thérapie collective imposée pousse à adopter le point de vue de l’autre et fait surtout appel à sa capacité empathique pour son entourage.
Cette confrontation sonne la fin de cette phase d’égarements et d’enfermement. Face à cette vérité, les protagonistes se doivent d’acter leurs responsabilités et d’agir en conséquence. La première saison reflétait l’insouciance de ses personnages. Dans cette deuxième saison, nous avons pu observer comment peut se traduire le déni d’une réalité. Il est fort probable que la future saison se concentre sur la redéfinition des relations dans une volonté de rédemption et d’élévation.

Une chose est sûre, avec Euphoria, Sam Levinson développe une œuvre dense et captivante sur le mal-être de toute une jeune génération. Les thématiques sont vastes et la mise en scène réussie constamment à créer des plans pertinents. Il nous tarde de découvrir la suite.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.