Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia

 Gentrification's issues

Synopsis :

Melody, sa sœur Lila et leurs amis Dante et Ruth se rendent dans la petite ville de Harlow, au Texas, pour lancer une nouvelle entreprise. Mais leur rêve se transforme bientôt en cauchemar éveillé lorsqu'ils pénètrent sans le vouloir dans le monde de Leatherface, le dangereux tueur en série dont l'héritage sanglant continue de hanter les habitants de la région.

Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia

MON AVIS :

En 2013 le public découvre Fede Alvarez avec son remake radical d’Evil Dead. Cette relecture gore et dénué d’humour divise énormément. Nous retrouvons d’un côté les personnes attachées à la vision de Sam Raimi et de l’autre celles acceptant cette alternative.
En 2018 sort Halloween de David Gordon Green et voit ainsi émerger un nouveau courant : le requel. Une nouvelle tentative des majors de proposer un élan de fraicheur sur des licences épuisées jusqu’à la corde.
C’est dans la conjonction de ces deux événements que nait Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia. L’auteur est démarché par Fede Alvarez pour remplacer au pied levé Ryan et Andy Tohil afin de proposer une nouvelle suite à la version de 1974.

Après les événements des années 70, l’ombre de Leatherface plane toujours au Tewas et notamment dans les alentours d’Harlow. Les années ont transformé ce tueur en série en véritable boogeyman insaisissable. Malgré cette présence meurtrière, de jeunes entrepreneurs décident de débarquer dans la bourgade et de lancer un projet de gentrification dans cette zone désolée. Évidemment ces intentions se confronteront à l’hostilité des quelques autochtones.
L’auteur profite du road trip en direction de cette destination pour nous fournir les bases de son récit. Nous avons rapidement l’ensemble du contexte et la réinitialisation de la franchise peut ainsi commencer.

Durant moins d’une heure et demie, nous déambulons entre les différentes victimes en devenir jusqu’à ce qu’il rencontre La Faucheuse texane. L’œuvre ne trahit pas son titre, nous sommes face à un massacre en bonne et due forme. Le body count ne cesse de grimper et explose littéralement durant LA scène du bus. Les mises à mort sont variées et sanglantes. Malgré un abus d’effets numériques par moments, nous ressentons la violence des impacts entre le métal face à la chair. Le metteur en scène mise sur des exécutions gores.
La trajectoire des personnages est prévisible. Nous pouvons facilement prendre des paris sur l’identité de la final girl ou comment sera mis à profit son trauma. Nous retrouvons finalement les ingrédients et passages obligés des slashers. Ce manque de surprise n’est aucunement problématique puisque l’auteur assume ses choix. Il ne cherche aucunement à renouer avec son matériel de base notamment dans l’atmosphère dans lequel baigne ce nouvel opus. Au contraire, il embrasse entièrement cette scission et déroule un cahier des charges pleinement rempli pour le genre abordé.
Par ailleurs, la réalisation réserve son lot de plans joliment mis en scène. Sa plastique épouse parfaitement le point de vue de ses protagonistes. Leur vision idéaliste et en décalage avec la réalité de leur environnement se traduit par une image léchée et lisse. L’auteur appose ainsi leur lecture des évènements pour mieux s’en moquer.
Sa mise en scène s’inscrit donc aux antipodes de son géniteur tout comme Evil Dead de Fédé Alvarez en son temps. À la pellicule granuleuse et l’atmosphère poisseuse, l’auteur propose une image épurée et un ton plus léger. Une approche diamétralement opposée qui n’est pas sans rappeler l’écart entre l’œuvre originelle et sa suite de 1986.

Massacre à la tronçonneuse David Blue Garcia Screenshooter

Comme pour chaque film issu d’une franchise, ce nouvel opus est donc à lire sur deux axes : en tant qu’objet filmique à part entière et en tant que prolongement d’un univers existant.
Dans le premier cas, nous avons un slasher convenu mais remplissant efficacement son contrat et pourvu d’une bonne réalisation. Il est en cela un très bon divertissement. D’autre part, ce requel évite de surcharger son récit de références aux long-métrages précédents et se concentre sur ses nouveaux protagonistes. Le retour d’une ancienne final girl n’est pas le centre du sujet. Sa présence est presque anecdotique mais permet d’offrir une scène intéressante sur son trauma et l’indifférence renvoyée par le Mal. Nos attentes propres à ce nouveau courant sont donc prises au dépourvu. La volonté de proposer une nouvelle histoire, peu originale certes, est un atout indéniable au vu de ses confrères.

En somme, les spectateurs espérant revoir une proposition similaire à l’œuvre originelle devraient plutôt visionner la version de Marcus Nispel. Pour ceux souhaitant visionner un jeu de massacre généreux sous un soleil de plomb, vous êtes au bon endroit : bienvenue au Texas!



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