Étiquette : science-fiction

Synchronic de Aaron Moorhead et Justin Benson

Synchronic de Aaron Moorhead et Justin Benson

Œuvrant depuis quelques années dans un univers alliant thriller et science-fiction, Aaron Moorhead et Justin Benson ont montré leur appétence pour la relation entre l’Homme et le Temps.  Synchronic est l’occasion de prolonger cette thématique à travers les pérégrinations d’un duo d’ambulanciers.  Nous suivons autant 

Love, Death & Robots Saison 3

Love, Death & Robots Saison 3

Après une deuxième saison quelque peu fade et trop polissé, l’anthologie animée de Netflix est de retour avec neuf nouveaux segments.   Initiant ce nouvel opus avec notre fameux trio de touristes robotiques, nous retournons en terrain connu avec cette exposition de l’absurdité humaine. Nous 

Captive State de Rupert Wyatt

Captive State de Rupert Wyatt

Réalisateur à la carrière aussi discrète qu’inconstante, Rupert Wyatt s’est fait connaitre du grand public avec le reboot de La planète des singes en 2011.
Sept années plus tard, il retrouve le chemin des salles obscures avec Captive State.

Ouvrant sur une scène d’évacuation à la conclusion tragique, l’auteur nous présente efficacement la sédition de la Terre au profit de l’envahisseur. Nous comprenons ainsi rapidement l’environnement dans lequel évolue Gabriel. Le suivi de son quotidien nous permet d’observer l’ordre et la répression établie.
En parallèle, nous voyons les actions d’autres individus. Ces personnes offrent une vision complète sur la refonte de la société terrienne autant pour les civils que pour les organismes “étatiques”.
Sur le fond, la thématique est donc plutôt convenue. Nous avons une situation d’oppression et le parcours d’individus souhaitant mettre fin à cette terreur.

L’intérêt du film réside dans sa construction narrative. En effet, nous débarquons dans un récit où une opération inconnue est en cours de préparation. Les personnes que nous suivons connaissent pour la plupart leur rôle à jouer dans ce pan de l’Histoire. Notre seul point d’ancrage est Gabriel. Ce dernier devient un maillon tardif au sein de cette mission. Il nous permet ainsi de glaner certaines informations pour avoir une esquisse de l’action à venir. Nous sommes ainsi invités à analyser les scènes pour comprendre les relations entre les protagonistes et deviner leurs réelles intentions.

Vera Farmiga miroir chambre

L’ensemble baigne dans une atmosphère paranoïaque et conspirationniste. Bien que nous soyons dans un film traitant d’une présence extraterrestre, les entités aliens sont peu visibles. Leur faible présence renforce le réalisme des situations. L’œuvre dégage une atmosphère plus proche des films abordant des complots en période de guerre froide plutôt qu’un film de science-fiction.
La différence réside dans le rapport de force. Les long-métrages tels que Les trois jours du Condor ou Les hommes du président avaient pour enjeux de déjouer une menace contre le système en place. Captive State est tout le contraire. Nous observons les instigateurs d’une opération visant à renverser l’Ordre établi. Cet objectif mis de côté, les mécanismes déployés sont similaires.
L’approche est pertinente et stimulante. Nous sommes captivés par la découverte des préparatifs bien que nous n’en connaissons pas la finalité.

Outre cette structure narrative judicieuse. Rupert Wyatt met à profit sa galerie de personnages pour dynamiser son récit. Nous sommes très proches de Gabriel pour suivre le déroulement des évènements. Pour autant, il est courant de changer de point de vue afin d’avoir une vision plus complète de ce qui se trame.

En somme, Captive State est un film intelligent et savamment orchestré. Sa conclusion offre toutes les réponses à nos interrogations et permet de mieux comprendre où se situe ce récit dans la chronologie de son univers. Une fois assimilé, il est difficile de ne pas faire de parallèle entre cette œuvre et le Planète des singes du même auteur.
Le long-métrage ne plaira pas forcément à tout le monde de par son approche quelque peu hermétique mais ravira les amateurs de soft science-fiction et de thrillers politiques.

Qu’importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui

Qu’importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui

Remarqué dans divers festivals à travers le monde, notamment Sundance où il reçut le Grand Prix du Jury, Qu’importe si les bêtes meurent est le dernier court-métrage en date de Sofia Alaoui. L’autrice nous place aux côtés d’Abdellah. Ce jeune éleveur en chemin pour soigner 

The last girl de  Colm McCarthy

The last girl de Colm McCarthy

The Last Girl est le deuxième long de Colm McCarthy. Sa genèse est pour le moins atypique. L’œuvre est adaptée d’une nouvelle dont l’auteur en a ensuite tiré simultanément le scénario du film et un roman. De primes abords, la thématique est loin d’être innovante. 

Vivarium de Lorcan Finnegan

Vivarium de Lorcan Finnegan

Seconde réalisation de Lorcan Finnegan, Vivarium s’était fait remarquer en 2019 lors de sa sélection à la Semaine de la critique du Festival de Cannes mais surtout en obtenant le Grand prix nouveau genre lors de L’Étrange Festival.
L’auteur nous propose de suivre un jeune couple cherchant désespérément un foyer. Leur quête va malheureusement les amener à se tourner vers la mauvaise agence immobilière. 
Après une introduction relativement courte, nous nous retrouvons donc dans un étrange quartier résidentiel uniformisé. Cette prison artificielle devient d’autant plus insupportable qu’un nouvel individu se joint à eux.
En peu de temps, nous passons d’un récit d’évasion à une histoire de cohabitation atypique. Cette évolution est déroutante d’autant que l’approche du réalisateur tend à normaliser les aspects paranormaux. Ce procédé est rendu possible grâce à des ellipses nous amenant à différents instants de vie de cette troisième personne. Là où on pouvait s’attendre à une évolution évidente dans les tentatives de fuite, nous nous retrouvons finalement à observer la sédentarité du trio et la cohabitation particulière qui s’opère.

Vivarium Lorcan Finnegan Screenshooter Senan Jennings
Ce basculement narratif implique un changement de point de vue. Nous sommes amené à nous décentrer du couple malgré les péripéties qu’ils vivent pour mieux observer l’intrus. Un procédé difficile à effectuer d’autant que la caméra continue de se concentrer sur le duo et leur attitude face aux situations vécues. 
Nous nous retrouvons donc en équilibre constant entre ces deux trajectoires distinctes. Outre cette structure scénaristique, l’absence d’informations sur l’environnement et sur les motivations des geôliers rend l’expérience atypique. Nous évoluons au sein d’un milieu dont les codes nous sont inconnus et sans possibilité d’y comprendre le sens. Un choix périlleux opéré par l’auteur car il requiert au spectateur d’investir un univers inconnu et qui le restera. Pour autant, étant donné que nous sommes dans la même situation que le couple, cette approche se trouve être pertinente car plus immersive.
Pour le public acceptant cette observation d’une vie familiale particulièrement dysfonctionnelle, l’œuvre leur restera en tête pendant un moment. Le manque d’informations nous pousse à nous questionner sur l’objectif de l’œuvre. On pourrait la résumer à un simple épisode de La Quatrième Dimension en version longue mais se serait occulter les liens tissés entre les individus. On comprend que la sphère familiale est le cœur du sujet mais il nous sera demandé d’en trouver le sens de cette aventure. Une expérience cinématographique où la simplicité de la forme cache donc un fond bien plus dense.

I am Mother de Grant Sputore

I am Mother de Grant Sputore

Après un court-métrage, Legacy, en 2008 et quelques épisodes, pour la série Castaway, en 2011, Grant Sputore passe aux commandes d’une œuvre science-fictionnelle pour enrichir le catalogue Netflix. Passé une introduction synthétisant parfaitement la situation initiale en dehors et au sein du bunker, l’auteur nous 

Final Space Saison 1 de  Olan Rogers

Final Space Saison 1 de Olan Rogers

Youtubeur par essence, Olan Rogers a développé de nombreux court-métrages (New Prime, The Last Scene,…). En 2010, l’auteur souhaite lancer une série intitulée Gary Space. Cette dernière connaîtra de nombreuses évolutions, initialement le projet était pensé comme une web-série destinée à sa chaîne YouTube, pour 

Upgrade de Leigh Whannell

Upgrade de Leigh Whannell

Après avoir longuement œuvré dans l’ombre, en tant que producteur et scénariste, pour les franchises Saw et Insidious, Leigh Whannell passe derrière la caméra pour les besoins d’Insidious : chapitre 3.
Fort de cette première expérience, l’homme revient pour nous offrir Upgrade, cet habitué des productions Blumhouse décide de changer de registre. Exit donc les tortures-porn et les esprits vengeurs, l’univers abordé se tourne vers un futur proche où la bionique a grandement progressé.Nous suivons les déboires de Grey Trace, homme réfractaire aux nouvelles technologies, ayant perdu sa femme pour des raisons obscures. L’ironie du sort est qu’une seconde chance lui soit offerte grâce à Eron Keen et sa puce STEM. L’homme retrouve sa motricité et peut ainsi partir en quête des commanditaires de la mort de sa compagne.
On retrouve ici les bases du vigilante movie: un homme lambda obligé d’obtenir la vérité par ses propres moyens, face à l’inertie des institutions censées faire respecter la loi, quitte à renier ses principes.
En définissant un futur proche de notre société contemporaine, où les prototypes d’aujourd’hui sont d’usage courant dans ce monde, l’auteur facilite notre immersion. On prend rapidement nos marques au sein de cette univers où la domotique équipe l’ensemble des habitations et les voitures autonomes cohabitent avec leurs ancêtres.
Fort de cette base, l’auteur peut rapidement entrer dans le vif du sujet : la perte de l’être cher, le deuil et la vengeance. On suit donc Grey dans son périple, sa quête de vérité tout en apprenant à cohabiter avec cette nouvelle technologie.L’intérêt ne repose pas sur la trajectoire du récit. Cette dernière est balisée dès le départ et amène irrémédiablement à un twist que l’on devine dès la première moitié du film, à un détail près. Un détail qui n’est pas anodin et qui redéfinit totalement la lecture que l’on fait du film ainsi que nos aprioris.
En effet, nous pensons constamment que la technologie nous permet de mieux contrôler notre environnement en leur donnant de plus en plus d’autonomie. On oublie qu’en contrepartie, on sacrifie une part de notre libre-arbitre sur nos agissements. Upgrade aborde finalement cet aspect de la technologie en poussant le raisonnement à son paroxysme.

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Un autre point fort de l’œuvre réside dans sa mise en scène. En effet, les plans sont soignés, bien pensés et permettent de décupler les enjeux se déroulant sous nos yeux. Le parfait exemple est la gestion des scènes d’actions. Loin de tomber dans le découpage intempestif, rendant incompréhensible n’importe quel affrontement, dans le seul but de donner une illusion d’intensité (cc 22 Miles), Leigh Whannell privilégie le mouvement.
En effet, lorsque l’on suit les déambulations de notre protagoniste, la caméra le suit lentement à ses côtés. On a ainsi le temps d’analyser son environnement, les émotions qui le parcours ainsi que les enjeux qui ressortent de ces situations. Par contre, lorsque qu’un affrontement a lieu, la caméra s’anime de mouvement beaucoup moins rectiligne et devient plus vive. On garde une fluidité dans la lecture des événements se jouant sous nos yeux tout en ressentant le dynamisme qui se dégage de ces instants.
Ce changement dans la gestion de la caméra, suivant la situation déroulée, s’effectue en fonction de l’entité prenant le contrôle du corps de Grey Trace. Les mouvements lents et rectilignes se calquent sur Grey lui-même et la limitation dans ses mouvements dû à sa tétraplégie tandis que les mouvements vifs correspondent à la liberté offerte par STEM et donc de sa prise de contrôle de l’enveloppe charnelle.

Fort de ces choix artistiques ainsi que d’un final terriblement nihiliste, Liegh Whannell offre une œuvre efficace, jouissive et pour la moins marquante. Une excellente surprise donc, qui, on l’espère rencontrera le succès qu’il mérite.