Auteur/autrice : screenshooter

Friandise de Rémy Barbe

Friandise de Rémy Barbe

Après le funèbre Et le Diable rit avec moi sorti en 2018, Rémy Barbe revient à la réalisation pour nous narrer une nouvelle déception amoureuse avec Friandise. Prenant place dans un foyer bourgeois, nous découvrons le quotidien de Léon et Adélaïde. L’auteur alterne instants présents 

The Sadness de Rob Jabbaz

The Sadness de Rob Jabbaz

Projet développé en pleine pandémie, le premier long-métrage de Rob Jabbaz s’inscrit pleinement dans son époque entre virus en pleine mutation et défiance face aux institutions étatiques. Amorçant son récit sur le doux réveil d’un couple, nous prenons le temps de connaître ces individus pendant 

Hail Satan? de Penny Lane

Hail Satan? de Penny Lane

Réalisatrice de documentaires depuis une vingtaine d’années, Penny Lane n’hésite pas à diversifier la forme de son medium pour l’adapter à son sujet. Son approche peu conventionnelle et son humour ont permis à l’autrice de se démarquer dans ce milieu.
Pour son quatrième long-métrage, la forme adoptée est plus traditionnelle. Nous suivons la genèse et le développement du Temple Satanique. L’œuvre alterne entre interview face caméra et captation de divers moments déterminant dans la vie de cette organisation en expansion.

Le suivi chronologique de ces différents événements nous permet de comprendre son émergence et son expansion. L’exposition de différentes confrontations juridique face à des associations chrétiennes offre des clés de compréhension sur la philosophie inhérente à ce mouvement. Ces séquences deviennent des marqueurs sur certains tournants notables au sein de l’organisation.
Bien que se concentrant principalement sur l’implication de différents membres du « culte », la réalisatrice tente de rester la plus neutre possible. Les errements et les divergences d’opinions sont aussi présents dans l’œuvre. Dans cette même optique, nous retrouvons parfois les avis des parties opposants.

Le sujet est passionnant et propose une interprétation alternative sur la dynamique entre Dieu et le Diable. Nous avons toujours eu l’habitude d’associer Dieu à la justice et son antagoniste au chaos. Dans l’inconscient collectif, cette vision est solidement ancrée par des siècles de dogmes religieux. Le Temple propose une lecture différente en se référant à la genèse de Satan selon laquelle ce Dernier était un ange déchu réfractaire aux injections de son Maître. Il est donc un dissident face à un Ordre établi.

Hail Satan? Penny Lane Screenshooter

L’organisation souhaite être un prolongement de cette vision. La démarche n’est pas de glorifier un Mal abjecte mais plutôt d’être un contre-pouvoir face à la prédominance de la chrétienté au sein de la société états-unienne. Si le pays refuse une séparation de l’Eglise et l’Etat alors il doit accepter la pluralité des croyances au sein de la vie citoyenne, telle est la démarche adoptée par ce mouvement.
Nous nous éloignons ainsi d’un postulat laissant présager l’exposition d’un groupe pratiquant l’occulte pour se diriger vers la présentation d’une alternative politique et militante concrète. Cette transition est progressive au fur et à mesure que la cause touche un public de plus en plus nombreux. Nous voyageons de plus en plus à travers les différentes « chapelles » ayant éclos à travers le pays. Ces différents lieux nous montrent la diversité des personnes impliquées mais aussi les valeurs qui les réuni.
Évidemment, toute mouvance militant s’accompagne de son lot de problématiques inhérent à l’émergence d’un nouvel organisme dans le paysage politique. La trajectoire suivie est donc ordinaire entre dissidence, couverture médiatique, identité visuelle et ligne de conduite à suivre. Heureusement, Penny Lane s’empare de ces événements pour créer une dynamique dans son récit. Ces déconvenues et ces confrontations apportent de nouveaux éléments pour approfondir le sujet.

Au final, Hail Satan ? dresse le portrait d’individus luttant pour que leur pays s’émancipe de l’emprise religieux dont leur société est gangrenée. L’expérience de la réalisatrice est mise à profit dans la retranscription chronologique de ce sujet passionnant.

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Huitième long-métrage de Mohammad Rasoulof, Le Diable n’existe pas est une anthologie de quatre courts-métrages. Le choix adopte ce format afin de faire face aux contraintes lui étant imposées dans son pays. En effet suite à la sortie de son précédent film, Un homme intègre, 

Defending Jacob de Mark Bomback

Defending Jacob de Mark Bomback

Œuvrant principalement en tant que scénariste pour des projets à la qualité variable, Mark Bomback revient à la création de série pour la deuxième fois avec Defending Jacob. L’univers est efficacement défini lors du premier épisode. Nous découvrons la famille de l’adolescent, leur quotidien, leur 

La loi de Téhéran de Saeed Roustaee

La loi de Téhéran de Saeed Roustaee

Après avoir réalisé en 2016 Life and a day, Saeed Roustaee quitte la sphère familiale iranienne pour s’intéresser à un pan de la société à travers le trafic de crack.

L’œuvre ouvre directement sur une opération de terrain. Nous découvrons les protagonistes à travers leurs actions. Le fiasco qui s’ensuit et les informations glaner nous permettent de comprendre à quel stade nous arrivons dans l’enquête visant à démanteler ce business illégal.
Nous prenons donc un train lancé à pleine vitesse. Pour autant, nous ne sommes aucunement gênés par le manque de contextualisation. Les interactions entre les individus et l’avancée de la traque nous permettent rapidement de prendre nos repères.
Une fois les différents éléments assimilés, l’auteur change la trajectoire scénaristique pour s’engouffrer dans le cœur du sujet.
En effet, plus qu’un affrontement entre l’axe du Bien et du Mal, l’œuvre décortique le système pénal iranien. Nous entrons dans l’antre d’une bête étatique appliquant implacablement sa sentence au moindre écart de conduite.
Le fait que la détention d’une faible quantité de drogue soit passible de mort impacte fortement la dynamique des personnages et leurs motivations.

Bien que nous suivons deux protagonistes spécifiques, le réalisateur inclut dans cette confrontation la trajectoire de différentes personnes tentant de s’extirper de cette spirale infernale. Ces individus permettent de densifier le récit et d’offrir un aperçu plus complet de l’engrenage mis en place.
Certaines de ces histoires annexes sont bouleversantes tandis que d’autres flirtent avec l’absurde. Cette diversité de tonalité renforce la volonté de se rapprocher au maximum de la réalité. Il permet de nuancer le propos en montrant différentes mise en situation.
Cette structure narrative apporte aussi une dynamique. La multiplication des points de vue permet de faire des ellipses dans l’avancement de l’enquête sans pour autant perdre en cohérence.

Navid Mohammadzadeh menotte

Au sein du fil rouge, nous pouvons d’ailleurs observer un découpage par chapitre. Dans un premier temps nous avons la traque aux côtés de Samad puis ensuite une confrontation entre ce dernier et Nasser pour finalement se focaliser sur ce présumé baron de la drogue.
La transition entre chacune de ces étapes est fluide. Il n’y a pas d’explicitation de ce mécanisme narratif. L’évolution n’en est que plus grandiose.
Il influe fortement sur notre empathie. L’auteur joue sur notre code moral pour lentement le remettre en question à travers les actions de ses individus.
En agissant ainsi, le réalisateur prend à contre-pied les attentes du spectateur. Son apparent thriller urbain cache un drame social terrible. L’action musclée est ainsi remplacée par des confrontations verbales se jouant des rouages administratifs. Nous découvrons comment peut être instrumentalisé la Loi pour arriver à ses fins.
Ces moments sont tout autant intenses au vu des enjeux. Survivre à la procédure judiciaire est tout aussi ardu que lors d’une fusillade et le dénouement reste identique : mourir ou en ressortir libre.

Au final, La loi de Téhéran est une excellente surprise tant il nous amène dans un terrain peu exploité et captivant. Derrière sa façade de polar urbain âpre se cache une analyse sociale déchirante et nihiliste.
Il nous tarde découvre les prochains projets de Saeed Roustaee. À travers son objectif vit et péri l’Iran, difficile d’y rester insensible.

Your Honor saison 1 de Peter Moffat

Your Honor saison 1 de Peter Moffat

Œuvrant depuis de nombreuses années pour la télévision, Peter Moffat a notamment été scénariste pour l’excellente série The Night Of. Avec Your Honor il poursuit son travail de transposition américaine de créations étrangères en s’offrant les services de Bryan Cranston et Michael Stuhlbarg. En un 

Them : Covenant de Little Marvin

Them : Covenant de Little Marvin

Série anthologique en devenir, Them est une création de Little Marvin et est notamment produite par Lena Waithe. Cette première saison intitulée Covenant nous positionne aux côtés d’une famille afro-américaine tentant de se reconstruire après un évènement traumatique. Le premier épisode est une exposition efficace 

Scare me de Josh Ruben

Scare me de Josh Ruben

L’univers horrifique nous berce depuis des décennies avec des anthologies que ce soit sous forme de comics avec Creepshow, de séries avec American Horror Story ou de films avec The Mortuary Collection.
Dans le septième art, il est courant de se retrouver avec des œuvres à la qualité variable et au fil rouge inexistant. Certains assument le délaissement de leur trame de fond pour se concentrer sur les sketches uniquement. C’est le cas de la saga V/H/S.
Il est par contre difficilement concevable qu’une anthologie se concentre sur son fil rouge plutôt que sur ses récits annexes. C’est pourtant ce que propose Josh Ruben.

Dans cette œuvre, nous sommes placés aux côtés de Fred. Le trajet le menant jusqu’au chalet donne la tonalité de l’œuvre. Nous avons un mélange d’humour et de références cinématographiques ponctuant les échanges entre la conductrice et notre protagoniste.
L’auteur prend ensuite le temps de nous présenter les lieux et les raisons amenant à ce huis-clos. Une fois ces éléments acquis, l’œuvre prend une tournure peu conventionnelle en nous invitant à plonger pleinement dans une joute verbale imagée et imaginative.
En effet, le récit reste ancré dans son lieu d’origine, le chalet et ses environs. Les histoires narrées ne sont en aucun cas des moments d’évasions. Leur présence est toute autre. Elles sont des dynamiques entre les protagonistes.

À travers les contes se jouent un combat d’égo entre deux individus diamétralement opposés.
D’un côté nous avons Fred. Il occupe un emploi quelconque en tant que cadre et rêve d’être un écrivain à succès.
De l’autre nous avons Fanny. Elle a connu la renommée suite à un livre horrifique et travaille sur son futur projet.
Cette rencontre entre deux trajectoires antagonistes provoque une confrontation riche en faux-semblants.
L’homme tente de prouver qu’il a les capacités nécessaires pour devenir romancier tandis que la femme offre une démonstration de son talent à cet auditoire réduit.
Le récit alterne donc entre ces récits et des moments d’analyse de la performance proposée. Au fil du temps, les enjeux évoluent et la frontière entre création et réalité se brouille afin d’accentuer la tension entre les personnages.

Scare me Josh Ruben Screenshooter Aya Cash

Afin de compenser son unité de lieu et de temps, l’auteur se repose entièrement sur sa mise en scène.
Plus que de simples narrateurs, le duo joue les différents rôles au sein de leurs contes. Il est captivant d’assister à leur performance. L’environnement est mis à profit afin de faciliter l’immersion. De même, bien que se déroulant dans le chalet, les effets sonores se synchronisent avec les fictions contées.
À défaut de nous montrer l’adaptation visuelle de leurs propos, nous avons la possibilité de nous imaginer les scènes en nous basant sur ces éléments.
Le spectateur devient ainsi l’audience privée de sketchs qui ne verront jamais le jour. Il est attendu de sa part une certaine implication afin de se projeter dans ces fictions.
De par cette approche, Scare Me adopte une posture théâtrale dans sa mise en scène : l’unité de décors, les artifices visuels et sonores, le jeu d’acteur haut en couleur. Nous avons ainsi une structure hybride où la cinématographie laisse place au spectacle vivant à différents instants. Une approche paradoxale sachant que le cinéma est considéré comme un spectacle mort.
Les entractes entre les différentes scènes permettent d’évaluer la prestation offerte et l’impact sur la dynamique entre les personnages. Cette alternance entre les représentations donne un rythme à l’œuvre. De même, l’auteur injecte de nouveaux éléments constamment afin d’éviter une monotonie dans les évènements.
Une fois le concept assimilé et accepté, le récit ne cesse de se renouveler et se diversifier.

En somme, l’œuvre repose l’ensemble de son univers sur le concept énoncé. Le ressenti du spectateur vis-à-vis de cette expérience dépendra de son acceptation au concept.
On retrouve dans tous les cas des qualités de mise en scène indéniables. Le film est une excellente carte de visite pour Josh Ruben. Sa proposition horrifique est pertinente et montre sa parfaite compréhension des mécanismes inhérents au genre.
On espère que son prochain projet, Werewolves within, permettra de confirmer les promesses esquissées dans ce premier long.

Promising Young Woman d’Emerald Fennell

Promising Young Woman d’Emerald Fennell

Débutant sa carrière en tant qu’actrice en 2010, Emerald Fennell passe à la réalisation en 2018 avec le court-métrage Careful How You Go. En 2021, la réalisatrice revient avec Promising Young Woman. Ce long-métrage a remporté l’Oscar du Meilleur scénario original et deux prix au