Étiquette : ArrasFilmFestival

The Blind Man Who Did Not Want to See Titanic de Teemu Nikki

The Blind Man Who Did Not Want to See Titanic de Teemu Nikki

Amorçant sa carrière en 1995 avec Möykky, Teemu Nikki a depuis réalisé une vingtaine de court-métrages, participé à quatre séries et tourné deux films. The blind man… est son second long. Pour narrer le périple de son protagoniste, l’auteur opte pour une immersion totale. La 

Arthur Rambo de Laurent Cantet

Arthur Rambo de Laurent Cantet

Quatorze années après Entre les murs, Laurent Cantet retrouve Rabah Naït Oufella pour incarner le personnage principal de son nouveau film. Le récit s’inspire d’un fait médiatique datant de 2017 impliquant l’écrivain Mehdi Meklat. L’œuvre amorce alors que notre jeune auteur est en pleine ascension. 

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Huitième long-métrage de Mohammad Rasoulof, Le Diable n’existe pas est une anthologie de quatre courts-métrages. Le choix adopte ce format afin de faire face aux contraintes lui étant imposées dans son pays. En effet suite à la sortie de son précédent film, Un homme intègre, le réalisateur a été jugé coupable d’activités nuisant au régime iranien.
Cette peine l’empêche d’exercer son métier dans les meilleures conditions. Afin de concrétiser son dernier projet, il fait donc appel à quatre assistants s’occupant respectivement d’un segment. L’ensemble est supervisé par son chef opérateur afin de conserver une cohérence générale et la patte de l’artiste.

Le premier court-métrage est un prologue lent mais efficace annonçant le fil conducteur. Nous découvrons le quotidien d’un père de famille. Le récit se concentre sur différents instants de vie. Une morne banalité nous permettant de découvrir la routine d’un citoyen lambda.
Ces séquences nous permettent de cerner la dynamique entre les membres de cette famille. Ils créent ainsi un cadre de vie commun pour ce patriarche. Nous sommes amenés à nous reconnaître au sein de son parcours.
L’ensemble est mis au service d’un final imprévisible et percutant. Les derniers instants de cette histoire nous poussent à analyser une seconde fois ce qui nous a été présenté.
Le titre de ce court, éponyme au film, n’est pas anodin. Il rappelle que le Mal n’est incarné par personne d’autres que l’Homme.

L’intrigue suivante se focalise sur une personne effectuant son service militaire. Il est assigné au rôle de bourreau. Cette tâche qu’il rechigne à effectuer donnera lieu à divers échanges avec ses collègues de fortune.
Ces différentes interactions nous éclairent sur l’organisation sociétale autour de ce service militaire obligatoire. Pour s’assurer une vie future confortable, les Iraniens doivent passer par cette étape. Dans le cas contraire, une vie de renégat ou d’exilé s’offre à eux.
Ce deuxième segment détonne avec le précédent. Le quotidien morose du père de famille est remplacé par l’urgence d’une solution pour ce gardien. La caméra est constamment en mouvement, collant au maximum son protagoniste. Nous ressentons son désarroi, ses doutes sur sa capacité à aller au bout de cette entreprise.
Nous ressentons chacun des tourments qui traverse notre gardien. La situation est oppressante. Nous sommes tenus en haleine jusqu’à la dernière minute.

Le diable n'existe pas Mohammad Rasoulof Screenshooter

Le troisième acte nous fait quitter la ville étouffante et son environnement bétonné. Nous sommes emmenés dans la partie boisée de ce pays.
Le contraste est criant. L’aseptisation du décor laisse place à une nature riche en couleur. Le bruit motorisé d’une cité en mouvement est remplacé par la mélodie d’un ruisseau, du vent caressant les arbres.
Malgré ce changement de localisation, la réalité politique du pays se rappelle à ses autochtones. Nous découvrons comment certains vivent en marge du système et subissent l’oppression.
Ce nouveau lieu nous est présenté à travers le retour d’un ami de la famille. Le temps qu’il rattrape depuis sa dernière visite nous apporte les informations nécessaires pour identifier les différents protagonistes.
Cet épisode présente les conséquences du régime politique mis en place. La dynamique du récit joue sur des dualités : la célébration d’un évènement tragique et d’un autre festif, l’arrivée d’une personne conséquence du départ d’un autre. Il est ainsi montré comment sont fabriqués les criminels et instrumentalisés les bourreaux.
Comme précédemment, les informations glanées lors des précédents récits sont mises à profit au sein de cette nouvelle intrigue.

Dans son ultime chapitre, nous nous enfonçons d’autant plus en Iran. Nous atterrissons en pleine montagne. Le retour temporaire d’une exilée au sein d’un couple d’amis permet d’analyser leur mode de vie proche de l’autarcie. Nous approfondissons ainsi notre compréhension des solutions alternatives face au dogme imposé par le gouvernement.
L’intrigue joue sur le motif mystérieux nécessitant le retour de la jeune fille. Au fil du temps, nous sommes amenés à faire nos propres déductions en fonction des éléments exposés. L’auteur distille différentes informations brouillant nos pistes.
Une tension latente est ainsi instillée. Elle contrebalance la quiétude du quotidien. Nous sommes aux aguets à la recherche du moindre indice. Nous redoutons le point de bascule tant le dénouement est incertain. La révélation est un mélange d’émotions allant du soulagement à la tristesse.

En quatre temps, Mohammad Rasoulof décortique le fonctionnement du service militaire. Nous sommes happés par ces récits et sa retranscription d’un système strict produisant soit des marginaux soit des êtres détachés de la réalité. Une œuvre prenante qui ne risque pas de faire revenir le réalisateur dans les faveurs de son gouvernement.

Chanson Douce de  Lucie Borleteau

Chanson Douce de Lucie Borleteau

Deuxième long-métrage de Lucie Borleteau, Chanson Douce est une adaptation du roman éponyme de Leïla Slimani. Le concept de l’individu socialement normal, mais profondément instable, est une thématique pour le moins éculé. Il a donné naissance à des personnages emblématiques tels que Norman Bates ou 

Benni de Nora Fingscheidt

Benni de Nora Fingscheidt

Après une poignée de courts-métrages et un documentaire sur une communauté Mennonite, Nora Fingscheidt passe au long-métrage fictionnel avec Benni. Adoptant le point de vue de l’enfant, le récit ouvre sur une séance d’auscultation. Nous prenons ainsi directement conscience des conséquences tragiques liées à son 

La Lune de Jupiter  de Kornél Mundruczó

La Lune de Jupiter de Kornél Mundruczó

Initialement conçu comme un film d’anticipation, la dernière œuvre de Kornél Mundruczó se transformera, au grès d’évènements de notre société, en drame contemporain. Trois ans après White God, il revient donc pour la 18eme édition de l’Arras Film Festival afin de nous partager sa dernière création.
Ouvrant sur un saisissant plan-séquence retranscrivant une tentative, pour des migrants, de traverser une frontière, le réalisateur capte instantanément notre attention. On suit ce périple dans son intégralité, créant ainsi une tension à chaque instant et installant d’emblée une atmosphère âpre à son univers.
Au travers de cette scène, la caméra se concentre au fil des minutes sur un jeune homme, Aryan, venant d’être séparé de son père. Les bases sont ainsi posées. Les scènes suivantes introduisent le reste des protagonistes et vont permettre de dessiner plus finement l’intrigue générale de l’œuvre.
On se retrouve à suivre un duo d’antagonistes. D’un côté, le jeune homme apatride mue par des sentiments humanistes (trouver son père et un refuge pour se reconstruire). Le second homme est un docteur, désabusé par son monde, aux motivations purement vénales.
Ce couple imparfait va créer une certaine dynamique de dépendance/répulsion devenant très vite le cœur du récit. Leurs objectifs divergeant vont les mettre face à des situations souvent tragiques et parfois poétiques.

La Lune de Jupiter  Kornél Mundruczó

Le fil rouge, ainsi que sa trajectoire narrative est, certes convenu, mais suffisamment rythmé pour qu’on se laisse entraîner dans ses péripéties. D’autant que l’ensemble est superbement réalisé.
En effet, le point fort de La lune de Jupiter est assurément la justesse de sa mise en scène. Outre le recours à des plans-séquences fluide décuplant les émotions retranscrits sur pellicule, Kornél Mundruczó varie les procédés en fonction de la scène et son environnement.
On retrouve, dans cette bobine, des traveling latéraux , du shaky cam ou encore des caméras en vue subjective. Chaque parti-pris est pertinent et permet de nous faire ressentir la tension ainsi que la sensation de danger immédiat vécus par ces personnages.

Seuls les moments de lévitation offrent un répit bienvenu dans ce monde anxiogène. Ces instants donnent la sensation d’assister à un ballet où le temps est suspendu durant la prestation de notre jeune homme. L’auteur laisse ainsi le spectateur reprendre son souffle avant de l’entraîner dans les méandres d’une société malade.
L’ensemble est techniquement impeccable et transforme ce récit en un excellent moment de cinéma. On ressort de la séance légèrement bouleversé par ce rollercoaster cinématographique. La noirceur de ce monde couplé à la faculté de l’auteur à nous impliquer dans chaque action de notre duo crée une alchimie envoûtante. Cette dernière nous confronte à une dualité entre la fascination plastique de la forme et la répulsion de cette vision de notre société comme toile de fond.

Le prochain projet de Kornél Mundruczó serait un thriller horrifique écrit par Max Landis avec Bradley Cooper en tête d’affiche. On espère que l’auteur aura assez de liberté pour mettre à profit son talent.

Seules les bêtes de Dominik Moll

Seules les bêtes de Dominik Moll

Adaptation du roman éponyme de Colin Niel, Seules les bêtes est la septième réalisation, en vingt-cinq ans de carrière, de Dominik Moll. Pour sa nouvelle œuvre, l’auteur opte pour un récit découpé en plusieurs chapitres. Ces derniers correspondent au parcours des différents protagonistes impliqués. Les 

Noura rêve d’Hinde Boujemaa

Noura rêve d’Hinde Boujemaa

Après un documentaire, C’était mieux demain, et un court-métrage, And Romeo married Juliette, Hinde Boujemaa passe au format long fictionnel avec Noura rêve. Nous suivons donc le quotidien de ladite Noura, femme élevant seule ses trois enfants. Entre le travail en laverie et la gestion 

L’Affranchie de Marco Danieli

L’Affranchie de Marco Danieli

Après quelques courts-métrages et un passage par la petite lucarne, Marco Danieli réalise son premier long. Loin de se faciliter la tâche, l’auteur aborde un univers épineux, car très souvent caricaturé ou simplifié : la communauté des témoins de Jéhovah.

Nous suivons donc le vécu de Giulia, adolescente et membre de cet organisme, menant une vie partagée entre les instants auprès des siens et ses aspirations personnelles. On se familiarise avec cet univers, à ses coutumes et rituels. On comprend ainsi facilement les risques que prend cette jeune femme en souhaitant poursuivre ses études ou fréquenter des personnes du monde extérieur. L’auteur prend le temps de nous narrer ces instants de vie autant pour notre compréhension des enjeux, mais aussi pour se sentir plus proche des personnages.
Une fois tous ces éléments assimilés, le réalisateur peut rompre la routine dans la vie de Giulia et amorcer le cœur du récit.

L’un des tours de force de Marco Danieli est de ne pas accentuer l’aspect dramatique du sujet. Mieux encore, il ne cesse de tirer aux maximums les aspects positifs de chaque situation. Ainsi, là où d’autres auraient montré l’autodestruction d’une femme tiraillée entre sa famille et ses aspirations personnelle, nous découvrons ici comment Giulia essaye de se construire face à toutes ces problématiques. Ce parti-pris donne un ton particulier au film. Les confrontations sont multiples entre les personnages. Pour autant, la raison de ces conflits n’est pas l’aversion de l’un vers l’autre, mais la dualité entre deux visions du bonheur.
En effet, d’un côté, les membres de sa famille souhaitent son retour au sein de la communauté afin de pouvoir la protéger du monde extérieur et ainsi lui éviter les souffrances propres à notre société. De l’autre côté, Giulia et Libero souhaitent vivre leur idylle loin des autres.
La dynamique du récit repose sur ces deux idéaux et fonctionne sur le schéma suivant : une opposition de ces modes de vie entrainant des décisions sur le parcours de Giulia et son entourage ainsi que les conséquences sur sa relation avec Libero. Pour autant, la jeune femme n’est pas la seule à avoir des soucis, son compagnon traine un passif difficile avec des individus peu fréquentables. Cet aspect permet d’ajouter de la profondeur au récit, car les péripéties vécues renforcent les liens unissant chaque protagoniste.

L'Affranchie Marco Danieli exterieur nuit hommes

Un autre élément permettant de rendre l’œuvre si captivante est la qualité de jeu des acteurs. La symbiose entre les membres de la communauté est des plus réaliste et l’amour entretenu par le jeune couple ne semble pas artificiel. Les tensions et les sentiments qui animent les personnages, les uns envers les autres, sont presque palpables. Le spectateur développe plus facilement de l’empathie envers eux et les événements qu’ils vont vivre seront d’autant plus marquant. De plus, il est difficile de nourrir de la rancœur envers un de ses personnages tant les motivations sont louables des deux côtés.

Marco Danieli accouche ainsi d’une œuvre autant divertissante qu’instructive. Divertissante, car le récit est rythmé et réserve son lot de péripéties. Instructive, car on découvre une vision plus intimiste, et donc réaliste, sur le mode de vie des témoins de Jéhovah. Sachant que cette communauté est de plus en plus présente dans la société italienne, l’auteur permet de traiter avec objectivité un sujet d’actualité dans son pays.

Compañeros de Alvaro Brechner

Compañeros de Alvaro Brechner

Troisième long-métrage d’Alvaro Brechner, l’œuvre suit le calvaire de trois prisonniers politiques : José Mujica, Mauricio Rosencof et Eleuterio Fernandez Huidobro.  Le récit se base sur des faits réels. En effet, le scénario se fonde sur le livre Memorias del calabozo, retranscrivant le vécu de Rosencof