Étiquette : drame

Furie d’Olivier Abbou

Furie d’Olivier Abbou

Après avoir réalisé quelques courts-métrages entre 1998 et 2004 et la mini-série Canal + Madame Hollywood, Olivier Abbou passe au format long en 2007 avec le méconnu Territoires. Dix années plus tard, l’auteur revient nous présenter son second film. Ouvrant sur une douce soirée d’été 

Arthur Rambo de Laurent Cantet

Arthur Rambo de Laurent Cantet

Quatorze années après Entre les murs, Laurent Cantet retrouve Rabah Naït Oufella pour incarner le personnage principal de son nouveau film. Le récit s’inspire d’un fait médiatique datant de 2017 impliquant l’écrivain Mehdi Meklat. L’œuvre amorce alors que notre jeune auteur est en pleine ascension. 

Residue de Merawi Gerima

Residue de Merawi Gerima

Fils du cinéaste éthiopien Haile Gerima, membre du mouvement cinématographique L.A. Rebellion, Merawi Gerima semble prolonger la démarche de son père avec sa première réalisation.

Ouvrant sur un rassemblement festif en pleine rue, nous sommes plongés dans un environnement urbain au plus proche des individus et ressentons l’effervescence de l’événement. La séquence suivante contrebalance totalement ce ressenti puisque nous sommes aux côtés de Jay durant son calme trajet vers sa terre natale.
La suite des événements se concentrera uniquement sur la quête de ce jeune homme tentant de reprendre ses repères dans un quartier en pleine transformation. Sa volonté d’effectuer un film sur ses rues n’est qu’un prétexte pour retrouver ses anciens compagnons et rattraper le temps perdu. Nous l’observons donc déambuler sur le pavé à observer ces maisons si familières et pourtant bien différentes maintenant.
À travers son parcours, l’auteur retranscrit le vécu d’une part de la communauté afro-américaine. Les rencontres effectuaient par Jay nous permettent de comprendre comment était le secteur avant et la manière dont la gentrification à impacter son développement. Elles mettent aussi en évidence la fissure qui se crée entre ceux qui sont restés toutes ces années et ceux qui sont partis bien avant.

Pour ceux qui ont quitté cet environnement, l’emménagement dans un autre cadre n’est pas forcément signe d’évolution positive. Il est le reflet d’une volonté de quitter un déterminisme social et de tenter de se construire un avenir meilleur. Pour autant, nous voyons bien qu’un changement de décor n’est pas suffisant pour trouver la paix. Les éléments extérieurs propres à la fracture sociale et au néo-libéralisme se vivent au quotidien indépendamment de notre localisation. Dans ce film, il se reflète à travers le marché immobilier et ses conséquences.
Pour ceux qui sont restés, la peine est multiple. Il faut accepter le déménagement d’êtres chers, faire face à l’arrivée de voisins déconnectés de leur réalité et tenter de survivre au quotidien. Le destin est tragique d’autant que ceux qui demeurent peuvent être amenés à partir. Cette absence peut être temporaire pour ceux finissant en prison ou définitive pour ceux reposant dans un cercueil. Les rescapés portent ainsi le poids de tous ces maux dans un silence douloureux.
Hormis ces deux trajectoires, nous quittons parfois Jay pour nous positionner aux côtés des nouveaux résidents du quartier. Nous découvrons ainsi à quel point ces individus sont totalement en décalage avec la réalité de leurs voisins. Ces moments mettent en évidence à quel point l’embourgeoisement d’un district s’effectue au détriment de son Histoire préexistante. À l’image des travaux de réfection des maisons nouvellement achetées, l’arrivée de ces personnes impliquent la remise à neuf de la culture locale afin de l’uniformiser avec celle de la culture blanche.

Residue Merawi Gerima Screenshooter

Afin de narrer cette tragédie, Merawi Gerima opte pour une mise en scène sensitive pertinente. La caméra se pose toujours à hauteur de ses personnages. Elle est proche d’eux pour saisir leurs émotions et parfois prend une certaine distance par pudeur face à la découverte de leur vécu.
Pour revivre les moments d’antan, un léger filtre est appliqué distordant légèrement l’image. Nous avons ainsi la sensation de plonger dans l’esprit de Jay et de revivre ses souvenirs quelque peu effacés. Loin d’édulcorer sa jeunesse, nous revivons autant d’instants doux que tragiques.
De même, pour accentuer le fait de vivre ce récit à travers Jay, l’auteur incorpore fréquemment des scènes de vie dénuées de dialogue. Nous nous perdons ainsi dans l’environnement sonore et nous concentrons sur l’émotion qui en découle. La scène du parloir synthétise parfaitement la démarche artistique.
Afin d’accentuer notre position omnisciente, la trame narrative ne suit aucune chronologie. Nous sommes plongés dans les pensées du jeune homme. Les scènes s’entremêlent donc sans aucun effet d’annonce.

Au final, Residue est une œuvre se vivant autant qu’elle se visionne. Le rythme lancinant et la déconstruction de la trame temporelle pourraient en déstabiliser certains mais le choix est en cohérence avec l’approche adoptée. L’auteur crée ainsi un premier long-métrage maîtrisé et d’une belle sensibilité.

Friandise de Rémy Barbe

Friandise de Rémy Barbe

Après le funèbre Et le Diable rit avec moi sorti en 2018, Rémy Barbe revient à la réalisation pour nous narrer une nouvelle déception amoureuse avec Friandise. Prenant place dans un foyer bourgeois, nous découvrons le quotidien de Léon et Adélaïde. L’auteur alterne instants présents 

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Le diable n’existe pas de Mohammad Rasoulof

Huitième long-métrage de Mohammad Rasoulof, Le Diable n’existe pas est une anthologie de quatre courts-métrages. Le choix adopte ce format afin de faire face aux contraintes lui étant imposées dans son pays. En effet suite à la sortie de son précédent film, Un homme intègre, 

Defending Jacob de Mark Bomback

Defending Jacob de Mark Bomback

Œuvrant principalement en tant que scénariste pour des projets à la qualité variable, Mark Bomback revient à la création de série pour la deuxième fois avec Defending Jacob.

L’univers est efficacement défini lors du premier épisode. Nous découvrons la famille de l’adolescent, leur quotidien, leur métier et les liens les unissant. Une fois ces éléments assimilés, la découverte de la victime va remettre en question ce socle de prime abord solide.
La majorité des événements sont vécus à travers le parcours d’Andy. Sa position de père du présumé coupable et son poste de procureur adjoint nous permettent d’avoir une vue d’ensemble sur l’enquête sans s’éloigner du drame familial qui va éclore.

Au sein de cette investigation, nous observons les rouages de cet engrenage sur différentes strates : judiciaire, policière ou encore médiatique. L’alternance de ces environnements permet de suivre l’avancement des recherches. Nous comprenons ainsi comment chaque information est extirpée, traitée, diffusée et manipulée.
Jacob étant rapidement inculpé pour ce crime, la série n’a pas pour intention de traquer un tueur mais plutôt d’interroger sur la responsabilité de ce suspect. La volonté de l’œuvre n’est donc pas de nous entrainer dans une enquête policière. Elle nous propose de suivre une bataille judiciaire où deux convictions s’affrontent.
L’auteur bâti son récit sur une succession de duels où deux convictions s’affrontent faisant parfois fi de la réalité des événements. Nous avons par exemple la confrontation entre Andy et Neal pour des raisons éthiques mais aussi carriéristes.

Le patriarche est la pierre angulaire entre ce milieu et sa famille. Il est le seul parmi les siens à comprendre l’impact de chaque action. Il sait que le moindre secret est une bombe à retardement. Il est l’interlocuteur principal au sein de ces strates mais aussi pour le spectateur. Il nous apporte l’ensemble des éléments nous permettant de comprendre les enjeux en cours.
Nous nous immisçons ainsi dans sa sphère intime. Il en découle une analyse développée sous deux angles par le prisme de l’enquête et par la portée des non-dits.

Defending Jacob Mark Bomback Screenshooter Michelle Dockery

Dans un premier temps, l’auteur se focalise sur l’investigation et l’inculpation de Jacob. Nous observons comment la famille affronte ces événements. Mark Bomback a eu l’intelligence de créer une symbiose crédible entre les protagonistes. Leurs réactions semblent donc naturelles et en accord avec le caractère qui leur a été défini. Il est intéressant de voir comment ces individus affrontent un tel événement.
Il est ainsi plus facilement compréhensible et acceptable de voir ces membres s’engouffrer dans leur mensonge au détriment de la raison. Les raisons avancées leur sont personnelles mais font écho à nos propres secrets.

En effet, la quête de vérité à l’égard de la victime va profondément se répercuter au sein de la famille Barber. Le processus consistant à faire la lumière sur l’affaire judiciaire implique de braquer les projecteurs sur l’entourage du suspect.
La démarche n’est pas simplement d’analyser le passage à l’acte meurtrier mais surtout de comprendre les circonstances ayant amené à un tel drame.
Nous abordons ainsi la trame de fond abordé par l’auteur : les secrets enfouis. Mark Bomback reprend à son compte l’adage selon lequel « L’enfer est pavé de bonnes intentions ».  Il démontre ainsi comment est cimenté le socle familial entre dévouement, compromis et omission.
Au fil de la série, nous voyons le vernis de ce foyer se craqueler et révéler la nature profonde de ses membres. Chacune de ces nouvelles informations redéfinie nos aprioris à leur égard.
Il est intéressant d’observer le jeu d’équilibre qui s’opère entre la volonté d’être transparent vis-à-vis de la procédure judiciaire et celle de conserver uni son logis.

Cette double approche est passionnante. Le développement du drame familial se jouant en parallèle de l’enquête policière est pertinent. Il est intéressant de comparer cette trajectoire à celle de Your Honor. Les deux séries prennent un point de départ proche : la progéniture du personnage principal est impliquée dans la mort d’autrui. Bien que les intentions soient différentes, nous pouvons observer qu’entre la fuite et l’affrontement de la vérité les conséquences sont différentes mais tout autant dommageables. Les deux œuvres partagent cette double vision de l’affaire d’un point de vue judiciaire et intime. La différence majeure réside dans l’approche sur cette même thématique.
D’un côté Your Honor est un thriller opposant deux hommes de pouvoirs. De l’autre, nous avons un drame familial interrogeant la source du Mal et sa portée génétique notamment.

En somme, Defending Jacob est une mini-série captivante. L’auteur réussit à maintenir une tension tout au long de ses huit épisodes. Le prochain projet de Mark Bomback sera White Bird où il intervient en tant que scénariste sur cette adaptation de la bande dessinée éponyme.

La loi de Téhéran de Saeed Roustaee

La loi de Téhéran de Saeed Roustaee

Après avoir réalisé en 2016 Life and a day, Saeed Roustaee quitte la sphère familiale iranienne pour s’intéresser à un pan de la société à travers le trafic de crack. L’œuvre ouvre directement sur une opération de terrain. Nous découvrons les protagonistes à travers leurs 

Your Honor saison 1 de Peter Moffat

Your Honor saison 1 de Peter Moffat

Œuvrant depuis de nombreuses années pour la télévision, Peter Moffat a notamment été scénariste pour l’excellente série The Night Of. Avec Your Honor il poursuit son travail de transposition américaine de créations étrangères en s’offrant les services de Bryan Cranston et Michael Stuhlbarg. En un 

Them : Covenant de Little Marvin

Them : Covenant de Little Marvin

Série anthologique en devenir, Them est une création de Little Marvin et est notamment produite par Lena Waithe. Cette première saison intitulée Covenant nous positionne aux côtés d’une famille afro-américaine tentant de se reconstruire après un évènement traumatique.

Le premier épisode est une exposition efficace de son univers. Nous appréhendons l’ensemble des éléments nécessaires pour s’immerger dans ce milieu.
Chaque chapitre correspond à une journée au sein d’East Compton. Loin d’être une retranscription linéaire des évènements, l’œuvre mêle les enjeux présents avec la trajectoire passée de nos protagonistes.
Au fil du temps, nous obtenons ainsi un tableau complet sur le profil des individus et comprenons mieux leurs mécanismes de défense.
De même, bien que nous évoluons du côté de Lucky et sa famille, il n’est pas rare de les délaisser aux profits d’autres groupes pour mieux comprendre la trajectoire des évènements.
L’avancement du récit lève le voile sur la personnalité des protagonistes tout en développant une menace opaque autour de ces nouveaux arrivants.
Cette structure narrative permet d’avoir une meilleure compréhension des comportements individuels tout en créant une tension constante via la présence latente d’un danger autant surnaturelle que physique.

Deborah Ayorinde penchee enfant

La thématique explicite du récit est l’observation du racisme institutionnalisé aux États-Unis durant sa seconde phase ségrégationniste. Nous voyons comment des individus afro-américains subissent un harcèlement constant tout au long de leur vie quotidienne autant dans des lieux publics que privés. Nous constatons la pression que ces actes représentent à l’égard des opprimés mais aussi comment cette répression est mise en place et est alimentée.
L’originalité de l’œuvre est d’aborder le sujet des conséquences psychiques profondes qu’occasionnent ces sévices. Sans en formuler les termes scientifiques ou médicaux, les auteurs retranscrivent le développement de maladies mentales. Ces dernières sont présentées comme des mécanismes de défense pour cette famille perdant pied face à une réalité bien trop violente et inégale.
La structure des épisodes permet de se concentrer sur chacun des membres de la famille. Leur problème de santé est personnifié par une entité maléfique faisant aussi écho à l’histoire des États-Unis.

Les enjeux sont donc doubles. Il y a un combat interne à mener pour s’émanciper de mécanismes toxiques développer suite à des évènements traumatisants. Il y a aussi une lutte commune pour déjouer un système politique et social construit pour perdurer cette ségrégation d’une façon plus insidieuse.
Les auteurs évitent de tomber dans un manichéisme et tente de dresser des portraits d’individus denses pour mieux refléter les dilemmes moraux de ses personnages.
Cette complexité influe sur la trajectoire scénaristique. Certains événements de prime abord linéaires se voient parasiter par des initiatives individuelles. L’issue de cette saison n’en est que plus incertaine.

Outre ses qualités d’écriture, la réalisation est à la hauteur de son sujet. L’oppression ressentie par la famille est palpable. La retranscription de cette époque facilite l’immersion. La caractérisation des entités maléfiques est fascinante. Chacun de ces éléments est traité avec soin et permet d’obtenir une œuvre cinématographique captivante.
Nous plongeons entièrement dans ce cauchemar éveillé. L’alternance des points de vue apporte une variété d’ambiance dans cet univers et casse ainsi l’uniformisation du quartier résidentiel où réside notre famille. Cette diversité permet de garder un rythme constant sur les dix épisodes de cette saison.

En somme, Them est une belle découverte alliant une forme fascinante à un fond pertinent. Le format s’accorde ainsi parfaitement à son récit.
C’est donc avec curiosité et impatience que nous attendons les prochaines saisons de cette nouvelle anthologie.

Promising Young Woman d’Emerald Fennell

Promising Young Woman d’Emerald Fennell

Débutant sa carrière en tant qu’actrice en 2010, Emerald Fennell passe à la réalisation en 2018 avec le court-métrage Careful How You Go. En 2021, la réalisatrice revient avec Promising Young Woman. Ce long-métrage a remporté l’Oscar du Meilleur scénario original et deux prix au