Section 99 de S. Craig Zahler

 I've got 99 problems,...

Synopsis :

Un ancien boxeur devient passeur de drogues, pour finalement se retrouver contraint de se battre pour sa vie en prison à la suite d'un deal qui a mal tourné. 

Section 99 de S. Craig Zahler

MON AVIS :

Trois années après s’être essayé à la réalisation avec Bone Tomahawk, S. Craig Zahler récidive avec Section 99. Exit l’Ouest sauvage et son monde cannibale, cette nouvelle œuvre s’intéresse à une autre branche des films d’exploitation : l’univers carcéral.

Ouvrant sur le licenciement du protagoniste, le réalisateur profite de cette introduction pour présenter la dynamique au sein du couple. Loin d’être idyllique cette séquence montre l’ensemble des dysfonctionnements de cette relation et surtout la colère froide se tapissant au fond de Bradley.
Une fois ces informations assimilées une ellipse nous permet d’être amenés quelques mois plus tard. Nous pouvons constater  l’évolution de la situation sociale des conjoints avant que la descente aux enfers soit amorcée.

À l’image de son précédent film, le réalisateur met un point d’honneur à laisser vivre ses scènes et donc ses personnages au sein du cadre. Le prologue apporte une bonne compréhension sur le vécu de Bradley mais sert surtout de levier émotionnel pour les déboires à venir.
En effet, la suite des événements sera toujours motivée par l’amour que cet individu porte à sa femme. Vince Vaughn incarne parfaitement cet être résigné à s’enfoncer de plus en plus profondément dans cet enfer carcéral afin de respecter son code d’honneur mais surtout mettre sa moitié à l’abri. Chacune de ses décisions transpire de résignation face aux conséquences de ses actes autant que la détermination de les sortir de cette situation.

Section 99 S. Craig Zahler Screenshooter Vince Vaughn

L’auteur exploite au maximum le genre qu’il aborde en découpant en plusieurs étapes la déchéance des libertés de son « héros ». Ces phases sont explicitement présentées à travers les échanges entre les protagonistes. Elles permettent de faire évoluer la trajectoire scénaristique en nous réservant quelques dénouements cruels mettant en lumière l’engrenage sadique dans lequel est plongé notre prisonnier.
Ce périple est aussi sensoriel. Chaque nouvel environnement représente un échelon dans le processus déshumanisant qu’est la prison. Nous pouvons en mesurer son degré en fonction de la propreté des lieux, de sa luminosité, des interactions sociales ou encore des individus à la tête de ces structures. En étant au plus près de Bradley, nous ressentons l’oppression endurée de par les situations vécues.

À la différence de Bone Tomahawk où la violence éclate dans un final tétanisant, Section 99 est ponctué tout au long de son récit de confrontations sèches et sanglantes. Évidemment, plus notre prisonnier s’enfonce dans les entrailles de la Prison et plus les affrontements seront brutaux. Tout comme sa première œuvre, S. Craig Zahler crée des mises à mort qui marquent notre rétine renforçant l’émotion véhiculée par les scènes.

Avec ce deuxième film, le réalisateur confirme sa capacité à s’approprier les codes du cinéma d’exploitation sous ses différentes thématiques pour nous offrir des œuvres captivantes et stimulantes. Un auteur à suivre de très près pour tout les amateurs de genre.



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