Boustifaille de Pierre Mazingarbe

Viandes labellisées

Synopsis :

Karim souffre de ne pas être présenté à la famille de sa petite amie, Daphnée. Alors qu'elle se rend chez ses parents, le jeune homme force le destin en se cachant dans le coffre de sa voiture…

Boustifaille de Pierre Mazingarbe

MON AVIS :

Le concept des rednecks, consanguins, amateur de viandes humaines, a donné naissance à bons nombres d’œuvres américaines : La colline a des yeux, Massacre à la tronçonneuse, Détour mortel, ….
Dans l’Hexagone, les exemples sur le sujet se font bien plus rares. Frontières et Girls With Balls en sont les productions les plus récentes.
Après Moonkup, Pierre Mazingarbe poursuit dans le genre en abordant le cannibalisme, mais au sein d’une famille huppée.
On quitte donc les campagnes boueuses, délabrés, peuplées de démunis pour s’installer dans le domaine des nantis. 
Après une présentation du couple au travers d’une scène d’intimité, l’œuvre déroule une intrigue épurée à un rythme effréné.
Le faible nombre de protagonistes aide à maintenir ce tempo. Le soin apporté à l’écriture des dialogues permet de rapidement cerner le caractère de chacun. L’auteur peut ainsi enchaîner les situations sans avoir à passer par de longues phases explicatives. On comprend donc le passif des individus via leurs confrontations. 
Le recours à un ton humoristique offre au réalisateur la possibilité d’aborder sa thématique sur un ton décalé. Exit donc l’atmosphère poisseuse habituellement associé, nous évoluons dans un environnement lumineux où la chair humaine est un plat gastronomique et non du junk food.
Boustifaille Pierre Mazingarbe Moustafa Benaibout
L’approche est pertinente et s’adapte parfaitement au format. De même, la caractérisation des personnages gravitant autour du couple les tourne parfois en ridicule sans pour autant desservir la tension inhérente aux situations vécues. 
En effet, bien que la forme soit légère, le fond lui démontre la capacité du cinéaste à investir son genre. La relation liant Karim à Daphnée est parfaitement construite. Les mésaventures font évoluer leur rapport et réussissent à faire appel à notre empathie. Avant d’être un film sur le cannibalisme, Boustifaille est surtout un film sur l’amour et son pouvoir d’émancipation. 
Sélectionné au sein de la compétition des courts-métrages français de la 9eme édition du PIFFF, l’œuvre a remporté le prix Ciné+ Frisson ainsi que le prix du jury. 
Pour son prochain projet, Pierre Mazingarbe passe au format long avec Chiens et loups : une histoire de famille pour le moins intrigante.
 


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.