Synopsis:
Emma, jeune romancière acerbe, découvre que les personnages monstrueux qu’elle a créés dans sa série de romans horrifiques sont réellement en train de prendre vie.Mon avis:
En une bonne dizaine d’années, Samuel Bodin a eu l'occasion de donner sa vision du chevalier noir, d'explorer les tréfonds des prisons les plus dangereuses ou encore de raconter sa version du Débarquement.
Cette fois, l’auteur s’attaque à la sorcellerie et décide de s’établir en terres bretonnes. Il faut dire que la nature sauvage et contrastée de ces côtes françaises sont propices pour développer ce type de folklore.
Cette fois, l’auteur s’attaque à la sorcellerie et décide de s’établir en terres bretonnes. Il faut dire que la nature sauvage et contrastée de ces côtes françaises sont propices pour développer ce type de folklore.
L’annonce d’un tel projet a de quoi attiser la curiosité des afficionados du milieu. Rare sont les œuvres francophones à voir le jour sans avoir dû passer par un chemin de croix des plus décourageant.
Retrouver Marianne dans le catalogue Netflix, en tant que production originale, montre que la plateforme peut être une alternative face aux problématiques d’exploitation des œuvres de genre français.
Retrouver Marianne dans le catalogue Netflix, en tant que production originale, montre que la plateforme peut être une alternative face aux problématiques d’exploitation des œuvres de genre français.
L’auteur
installe efficacement son récit, ses personnages et son univers en deux
épisodes particulièrement éprouvants. On cerne rapidement le caractère
d'Emma, son activité professionnelle et sa vie privée.
Le tableau ainsi dressé, le réalisateur a toute la latitude pour développer son univers.
Le
rythme est donc tempéré. Les personnages sont étoffés, notamment via
des flashbacks. La synergie au sein du groupe se dévoile au gré des
interactions. Chaque individu a une place précise et un rôle à jouer. Le
caractère respectif de ces membres est, bien que limité, en adéquation
avec le ton adopté pour l’œuvre.
En
effet, le traitement distinct, entre les instants de terreur et
l’enquête pour résoudre le problème, crée une alchimie particulière.
D’un côté, on retrouve, dans les mécaniques de la peur, la formule développée par James Wann dans Insidious.
L'introduction d’éléments horrifiques se greffe dans une réalité
palpable. Elle s'effectue de façon imprévisible car non régi par un
schéma préétabli. Elle joue sur un timing précis entre les signes
annonciateur d’un dysfonctionnement et son apparition.
Une
fois l’élément surnaturel présent, la caméra force le spectateur à
vivre la situation au même titre que les protagonistes. Aucune
échappatoire n’est possible, la sorcière est maîtresse en ces instants
et ne s’en va qu’une fois repu.
La
mécanique est plutôt élémentaire mais très efficace dans sa mise en
application. L’auteur diversifie les confrontations pour éviter de
tomber dans une routine.
À
l’exact opposé, les autres situations sont abordées avec un second
degré déconcertant. En effet, la juxtaposition d’événements horrifiques à
ces moments plus légers, dans leur forme, est de prime abord bancal.
Cette
alchimie diffuse une ambiance étrange. On aurait pu s’attendre à une
atmosphère morose, tant la trajectoire empruntée s’annonce dramatique.
L’auteur en décide autrement, en créant des protagonistes au caractère
atypique : la jeune écrivaine et l'inspecteur en tête de liste.
La
formule fonctionnera selon la tolérance du spectateur. Il est logique
que certains soient réfractaires, car les ruptures de ton ne sont pas
négligeables. D’autant plus que le jeu des deux actrices principales
n’est pas des plus justes. Fort heureusement, les instants tragiques
bénéficient d'un traitement approprié et les personnages sont
suffisamment travaillés pour tolérer ce choix artistique.
En
construisant ainsi son œuvre, Samuel Bodin lui confère une identité qui
lui est propre. Le soin apporté à la création d’un univers fantastique
en terres bretonnes est une franche réussite. L’environnement est
constamment mis au profit du scénario. La réalisation capte la nature
sauvage de ces endroits pour renforcer le danger entourant nos
protagonistes.
Une bonne découverte donc ,
qui semble être le début d’une série de productions de genre français
sur Netflix, si l’on se base sur l’arrivée prochaine de Mortel.