Slasher saison 3 d’Aaron Martin

Druid’s potion need fresh blood !

Synopsis :

Un tueur déguisé en druide a tué un jeune à la réputation sulfureuse "Kit" après l'avoirs suivi jusqu'à son immeuble. Un an plus tard, le tueur semble de retour le jour de la fête du solstice et s'en prend aux habitants de la résidence.

Slasher saison 3 d’Aaron Martin

MON AVIS :

American Horror Story a démontré qu’une série peut être une anthologie, autour d’une thématique plus ou moins précise, et réussir à trouver son public.
Son succès a créé de nombreux émules. Le plus réussi d’entre eux est assurément Channel Zéro ! Dans le peloton, on peut retenir le très bon American Crime  Story ( Ryan Murphy encore), le divertissant Room 104 ou encore…Slasher. Après une première saison insipide, énième ersatz de Scream, diffusé par Chiller TV, cette série tombe dans les filets de Netflix.
La deuxième saison réussissait à rectifier le coche en offrant un jeu de massacre tendu, se déroulant en montagne. Le concept pioche ci et là dans des œuvres existantes, telles que Souviens-toi l’été dernier, et noie cela dans un bon bain de sang frais. 
Slasher saison 3 Druide fête
Après cette virée en altitude, la troisième saison retourne en milieu urbain. Sa spécificité est de resserrer sa temporalité sur une seule journée.
Aaron Martin contourne cette contrainte chronologique en ayant recours à des flashbacks. Loin d’être artificiel, ce procédé apporte de nombreux atouts à l’ensemble.
Dans un premier temps, il permet de comprendre les personnages. Le cœur du récit prend place un an après un évènement tragique. On voit ainsi l’évolution et les incidences que cela a eu sur leur vie.
Tous résidents d’un même immeuble, on en apprend plus sur les relations qu’ils entretiennent.
Ces retours-arrières apportent donc de la profondeur sur ces futures victimes. On s’intéresse d’autant plus à leur trajectoire et nous ressentons ainsi de l’empathie vis-à-vis du destin funeste qui les attend.
Dans un second temps, en apprenant lentement à connaître le passif de chacun, nous sommes amenés à nous interroger sur l’identité du tueur et ses motivations.
Chaque nouvelle information nous pousse à revoir notre jugement. Loin de nous perdre en multipliant les pistes, ce procédé nous stimule et nous implique dans la résolution de l’enquête.À chaque épisode, un suspect décède. De ce fait, l’auteur peut recentrer son étau sur le passé des survivants et donc du potentiel tueur. 
Outre une structure narrative bien pensée, la saison fonctionne sur deux tonalités bien distinctes.
Chaque protagoniste est le produit d’une mentalité ou situation de notre époque : le raciste aigri déversant sa haine virtuellement, la famille de réfugiés de confession musulmane, l’homme homosexuel, l’adolescente libidineuse,

Cette caractérisation stéréotypée est assumée et permet, dans un premier temps, de prendre ses repères dans cette ville. De plus, loin d’être un gimmick pour rendre l’œuvre plus risible, légère, ces traits de caractère sont des moteurs dans les confrontations opposant les résidents. Leur nature antagonique donne ainsi lieu à des débats d’idéaux et, parfois, des alliances inattendues. Au fil des épisodes, le second degré émanant des personnages s’efface au profit d’une approche plus sombre et réaliste.
Ce procédé permet d’aborder les maux de notre société moderne, notamment notre rapport avec la virtualité, et plus spécifiquement Internet. L’auteur nous montre, ainsi, qu’un acte sur la toile est tout autant préjudiciable qu’un effectué dans la vie réel. Slasher oblige, ses conséquences se terminent généralement dans des effusions d’hémoglobines.
Slasher saison 3 immeuble homme voisins femme
D’ailleurs, là où certaines œuvres du genre sont frileuses en termes de bodycount, en plus d’avoir un scénario bancal, cette saison se montre autant généreuse qu’imaginative dans ses exécutions.
Les mises à mort sont brutales, les corps sont meurtris au plus profond de leur chair et le modus operandi change constamment.
Entre sa narration enlacée, ses personnages, parfois exaspérant, mais bien défini, et son approche frontale du genre, cette troisième saison est assurément la plus aboutie de la série.
Évidemment, contrairement à Channel Zéro qui propose une vision peu commune de l’horreur, Slasher reste en terrain connu et ne devrait intéresser que les amateurs du genre ou un public friand de meurtres qui tâchent. Elle n’a pas la prétention d’être originale, mais s’assume plutôt comme un divertissement généreux dans ses outrances.
En attendant une éventuelle saison 4, on pourra toujours se rabattre sur la neuvième saison d’AHS intitulé 1984 et qui semble flirter avec les œuvres d’antan, Vendredi 13 en tête.



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