Tragédie des trajectoires
Synopsis:
Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade
Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de
ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux »
d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents
groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une
interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
2005, les banlieues françaises s'embrasent. Les décès de Bouna Traoré et Zyed Benna, suite à un énième contrôle de police ayant dégénéré, va créer un soulèvement populaire qui durera trois semaines.
2006, Ladj Ly sort un documentaire retraçant ces événements et les suivant. 365 à Clichy Montfermeil, produit par Kourtrajme, signe donc le début, à la réalisation, du jeune homme.
2019, l’auteur réalise une version longue de son court-métrage, Les Misérables. Durant la période séparant ces deux projets, d’autres documentaires ont vu le jour sous son objectif.
2006, Ladj Ly sort un documentaire retraçant ces événements et les suivant. 365 à Clichy Montfermeil, produit par Kourtrajme, signe donc le début, à la réalisation, du jeune homme.
2019, l’auteur réalise une version longue de son court-métrage, Les Misérables. Durant la période séparant ces deux projets, d’autres documentaires ont vu le jour sous son objectif.
Pour sa première œuvre fictionnelle, Ladj Ly ne quitte pas son environnement : la banlieue est le cœur du sujet ainsi qu’un protagoniste à lui seul. Nous
suivons le quotidien de divers résidents de Cherbourg allant de la
nouvelle recrue de la BAC au jeune garçon introverti observant son
environnement en passant par les caïds du coin et les enfants cherchant
diverses occupations. L’œuvre
navigue entre ces différents points de vue de façon fluide, au gré de
rencontres. Malgré la multiplicité des trajectoires, chacune trouve une
conclusion à son récit. Aucune n’évolue indépendamment des autres. Elles
se croisent, fusionnent et permettent ainsi d'obtenir un rythme soutenu
sans rupture dans le déroulement des évènements.
En fonctionnant ainsi, nous obtenons une vue d’ensemble sur les problématiques inhérentes aux quartiers délaissés par l’État, exception faite des représentants de la Loi. Nous retrouvons donc une jeunesse livrée à elle-même, des rapports de force constant entre population et policiers ou encore les interactions entre différentes communautés. Chaque moment permet d'approfondir la personnalité de chacun, de mieux comprendre leurs convictions, leurs motivations, mais surtout d'observer leur évolution respective.
En fonctionnant ainsi, nous obtenons une vue d’ensemble sur les problématiques inhérentes aux quartiers délaissés par l’État, exception faite des représentants de la Loi. Nous retrouvons donc une jeunesse livrée à elle-même, des rapports de force constant entre population et policiers ou encore les interactions entre différentes communautés. Chaque moment permet d'approfondir la personnalité de chacun, de mieux comprendre leurs convictions, leurs motivations, mais surtout d'observer leur évolution respective.
L’une
des forces du récit réside dans sa capacité à éviter ou détourner les
clichés habituellement véhiculés lorsque la banlieue est représentée à
l’écran. La jeunesse n'est pas en quête d’ascension au sein d’un
organisme illicite, mais simplement des jeunes tuant le temps avec ce
que leur environnement propose. Les caïds sont des hommes tentant,
majoritairement, d’améliorer la vie des résidents, même si cela
nécessite de passer par des méthodes illégales. La police est sous
tension continuellement à force de devoir gérer les dérapages au sein et
à l’extérieur de leur corps de métier. Les quartiers ne sont pas sous
le contrôle d’islamistes radicalisés tentant d'imposer la charia…
En s’affranchissent de ce lourd fardeau, l’auteur réussi à créer des personnages attachants, car imparfait, et offrir à son œuvre une identité unique, car personnelle, mais surtout proche de la réalité.
En s’affranchissent de ce lourd fardeau, l’auteur réussi à créer des personnages attachants, car imparfait, et offrir à son œuvre une identité unique, car personnelle, mais surtout proche de la réalité.
Outre
ces choix scénaristiques payant, l’évolution du récit, et ses diverses
intrigues, fait écho à d’autres œuvres. Il est difficile de ne pas
penser à Training Day ou Colors
dans les péripéties vécues par Stéphane et ses divergences d’opinions
avec Chris. De même, la course contre la montre, pour récupérer un
élément compromettant, fait écho, entre autres, à PTU dans la façon dont
ledit élément va impacter les relations entre les divers groupes.
Par ailleurs, là où il est courant de filmer les banlieues de manière très terre-à-terre, le réalisateur opte lui pour des plans aériens. En dehors de son utilité topographique, cette approche permet de mettre à profit la verticalité de son environnement. Les tours ne se résument plus à des halls de bâtiments négligés. L’ensemble de leurs composants est donc mis à profit.
Par ailleurs, là où il est courant de filmer les banlieues de manière très terre-à-terre, le réalisateur opte lui pour des plans aériens. En dehors de son utilité topographique, cette approche permet de mettre à profit la verticalité de son environnement. Les tours ne se résument plus à des halls de bâtiments négligés. L’ensemble de leurs composants est donc mis à profit.
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